J'ai eu l'occasion de parler avec un directeur des programmes d'une grande chaîne belge. Et une chose m'a frappé: son immense culture des séries télévisées! Il était plus au courant de la chose que la plus assidue des ménagères de moins de 50 ans! En réalité, la série télévisée est une des matières premières de la grille des programmes d'une télévision. Le métier du programmateur est de sélectionner et d'agencer ces séries pour qu'elles rapportent le plus de sous. Une connaissance pointue de la matière est donc exigée.
Et j'ai intérieurement fait le rapprochement avec l'écriture de scénarios: certes, cinéma et télévision sont deux médias fort différents... Mais, aujourd'hui, c'est à la télévision que les scénaristes sont rois et qu'ils gagnent leur vie (j'en ai fait l'expérience!). Alors, ne pas connaître la matière aussi bien que ce directeur des programmes relève de la faute professionnelle!
Depuis quelques semaines, donc, je me suis mis à regarder des séries télévisées (grâce à un concours de circonstances qui font que mon emploi du temps me le permet). Quel enrichissement!
Je dois avouer que j'avais quelque peu perdu le contact avec le monde de la fiction télévisée depuis le départ de David Duchovny (Mulder) de X-Files. Soit la fin de mon enfance, le début des responsabilités et d'un emploi du temps surchargé. Aujourd'hui, je retrouve les codes - inchangés - de la fiction télévisuelle, qui s'illuminent en moi à la lumière de mes connaissances en écriture acquises entre temps.
Le destin de Lisa, Prison Break, Desperate Housewifes, Tout le monde aime Raymond, la liste est longue... Je m'émerveille même devant des télénovellas brésiliennes! Je redécouvre aussi avec plaisir les vieux épisodes de Friends sur des petites chaînes du câble!
C'est donc un conseil que je donne à tout apprenti-scénariste: regardez plus de séries télévisées que votre grand-mère! Il faut être incollable sur les relations entre Raymond, Ruby, Linette, Michael Scotfield, Joey, Lisa Plenske et son patron!
Cette connaissance, cette culture a priori complètement inutile et réservée aux débiles profonds révèle en réalité des codes d'écriture très bien montés. Regarder les séries télévisées sous l'angle de l'écriture est tout bonnement fascinant! C'est un nouveau hobby que je recommande à tous!
Que retire-t-on de cette "culture audiovisuelle" de ménagère de moins de 50 ans? Pas tellement des idées originales, non, ce n'est pas l'originalité que l'on trouvera dans les séries télévisées. Mais plutôt une intuition d'écriture propre à la télévision. En se plongeant dans les séries télévisées avec le regard du scénariste, on s'oblige à résoudre en temps réel les défis relevés par le scénario: comment résoudre tel conflit, comment faire évoluer telle relation?
Cette façon de procéder permet d'être parfois bluffé par la qualité des réponses apportées par les scénaristes (Prison Break est très bien conçu), parfois d'être un peu déçu par l'immobilisme général des personnages (Le destin de Lisa commence légèrement à tourner en rond au milieu de la première saison). La faculté de jugement objectif de la qualité d'un scénario est très difficile à obtenir. Voilà pourquoi je pense qu'il est important s'immerger dans les séries télévisées.
Et puis, cerise sur le gâteau, cela permet d'engager de formidables discussions avec la jolie boulangère du coin!
30 janvier 2007
28 janvier 2007
Let's talk about sex!
Commençons l'année avec un sujet agréable: le sexe.
Au cinéma, le sexe est un argument marketing assez éculé mais toujours aussi efficace. Mettez une blonde pulpeuse sur l'affiche et tout ira bien. Mais du point de vue dramaturgique, le sexe peut devenir un casse-tête assez perturbant.
En effet, les scènes de sexe n'apportent rien dans une histoire. Elle ne font que montrer de manière plate une attirance entre deux êtres. Mais dans le sexe, il n'y a aucune subtilité: pas de sous-entendus, pas de conflit, pas d'avancée dramaturgique.
Certains scénaristes ont bien essayé d'injecter ces éléments dans des scènes de sexe. Je pense aux James Bond, où l'on ne compte plus les innombrables scènes de sexe où la partenaire est une espionne qui tente de sous-tirer des informations ou de tuer l'ami James. Les relations sexuelles, au sens corporel du terme, sont alors une métaphore de relations de type dominant/dominé (qui prend le dessus, qui fait mal à l'autre, etc.)
Mais ce cas de figure ne peut pas s'utiliser dans une comédie romantique par exemple.
Alors, comment évacuer la "question sexuelle" dans ce type de film?
La réponse hollywoodienne classique consiste à évacuer la question en mettant le sexe très tôt dans le film. Rencontre, coup de foudre, sexe. Et ensuite la véritable dramaturgie peut se mettre en place, avec les schémas romantiques habituels. Pensons à Pretty Woman, où la question à été poussée à l'extrême, puisque la fille est une prostituée.
Est-il possible d'envisager une autre place pour le sexe dans un film?
Effectivement, on se rend bien compte que dans la réalité du monde, le sexe intervient plutôt comme une sorte de conclusion heureuse des schémas romantiques. Au cinéma, c'est l'inverse. Peut-on envisager de rester plus proche de la réalité? C'est à dire de placer le sexe en apothéose de la relation?
En réalité non, car on retombe alors dans les travers que j'ai énoncé ci-dessus: la scène de sexe n'apporte rien. C'est une scène figée, dont on connait à l'avance le déroulement et l'issue. Les films où le sexe arrive en apothéose ne s'attardent pas sur ce moment, préférant une ellipse sobre.
Quoiqu'il en soit, dans toutes les relations amoureuses cinématographiques, le sexe semble être un passage obligé. Car il y a une gradation des relations amoureuses. La rencontre, les aprioris négatifs, la coup de foudre, la relation sexuelle, les disputes, le moment de grâce où tout s'arrange, et enfin l'amour éternel et ils eurent beaucoup d'enfants.
Et quid des schémas classiques, type Roméo et Juliette, où la question sexuelle est tout bonnement évitée? Peut-on envisager une comédie romantique sans sexe?
Le cinéma reflète la société telle qu'elle est actuellement. Y a-t-il des amours sans sexe aujourd'hui? A chacun d'y répondre.
Au cinéma, le sexe est un argument marketing assez éculé mais toujours aussi efficace. Mettez une blonde pulpeuse sur l'affiche et tout ira bien. Mais du point de vue dramaturgique, le sexe peut devenir un casse-tête assez perturbant.
En effet, les scènes de sexe n'apportent rien dans une histoire. Elle ne font que montrer de manière plate une attirance entre deux êtres. Mais dans le sexe, il n'y a aucune subtilité: pas de sous-entendus, pas de conflit, pas d'avancée dramaturgique.
Certains scénaristes ont bien essayé d'injecter ces éléments dans des scènes de sexe. Je pense aux James Bond, où l'on ne compte plus les innombrables scènes de sexe où la partenaire est une espionne qui tente de sous-tirer des informations ou de tuer l'ami James. Les relations sexuelles, au sens corporel du terme, sont alors une métaphore de relations de type dominant/dominé (qui prend le dessus, qui fait mal à l'autre, etc.)
Mais ce cas de figure ne peut pas s'utiliser dans une comédie romantique par exemple.
Alors, comment évacuer la "question sexuelle" dans ce type de film?
La réponse hollywoodienne classique consiste à évacuer la question en mettant le sexe très tôt dans le film. Rencontre, coup de foudre, sexe. Et ensuite la véritable dramaturgie peut se mettre en place, avec les schémas romantiques habituels. Pensons à Pretty Woman, où la question à été poussée à l'extrême, puisque la fille est une prostituée.
Est-il possible d'envisager une autre place pour le sexe dans un film?
Effectivement, on se rend bien compte que dans la réalité du monde, le sexe intervient plutôt comme une sorte de conclusion heureuse des schémas romantiques. Au cinéma, c'est l'inverse. Peut-on envisager de rester plus proche de la réalité? C'est à dire de placer le sexe en apothéose de la relation?
En réalité non, car on retombe alors dans les travers que j'ai énoncé ci-dessus: la scène de sexe n'apporte rien. C'est une scène figée, dont on connait à l'avance le déroulement et l'issue. Les films où le sexe arrive en apothéose ne s'attardent pas sur ce moment, préférant une ellipse sobre.
Quoiqu'il en soit, dans toutes les relations amoureuses cinématographiques, le sexe semble être un passage obligé. Car il y a une gradation des relations amoureuses. La rencontre, les aprioris négatifs, la coup de foudre, la relation sexuelle, les disputes, le moment de grâce où tout s'arrange, et enfin l'amour éternel et ils eurent beaucoup d'enfants.
Et quid des schémas classiques, type Roméo et Juliette, où la question sexuelle est tout bonnement évitée? Peut-on envisager une comédie romantique sans sexe?
Le cinéma reflète la société telle qu'elle est actuellement. Y a-t-il des amours sans sexe aujourd'hui? A chacun d'y répondre.
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