Les conclusions du rapport Copé ont des implications lourdes pour les auteurs de la télévision française. La pérennité financière du service public est en jeu. Certes, il y aura toujours besoin de raconteurs d'histoires. Mais dans quelle proportion, et pour quel budget, c'est là que des questions se posent!
Il y a un an exactement, je terminais mon mémoire de fin d'études, au sujet de... la publicité sur le service public (belge). Au vu de l'actualité, j'y ai jeté un nouveau coup d'œil... Ma conclusion était plutôt gauchiste: oui, un service public "pur" - sans pub - est possible... Aujourd'hui cette conclusion est de droite! Ah! La politique!
Voilà ce que j'écrivais il y a un an:
Le recherche de l’audimat au sein de service public peut répondre à deux logiques différentes : la première consiste à dire qu’en tant que service public, il faut toucher un maximum de personnes. A titre de comparaison, un service public tel que les transports en commun est tenu de desservir l’ensemble des habitants, c’est là sa mission. Il en va de même pour l’audiovisuel, qui, contrairement aux chaînes privées, ne peut pas se contenter de s’adresser qu’à une partie du public.
La deuxième logique est celle, identique à une chaîne commerciale, qui cherche à accroître les revenus (par la publicité) pour investir dans des programmes plus attractifs.
Selon Bernard Hennebert (NdA: journaliste belge qui milite pour un meilleur service public), l’introduction de la publicité sur le service public en a perverti le fonctionnement. Elle a entraîné une surenchère dans l’achat de programmes coûteux qui ne servent que de support à la publicité. Il propose donc d’en revenir à la situation d’avant 1989 : un service public sans publicité !
Mon commentaire aujourd'hui:
Il est intéressant de noter, qu'en effet, il y eut une glorieuse mais brève époque en belgique où le service public était débarassé de tout écran publicitaire. Et je crois même me souvenir avoir lu quelque part qu'elle était financée par... les chaînes privées! Un non-sens profond ("une bonne histoire belge", commentait l'auteur), qui saute aux yeux de tout être normalement constitué: les bonnes performances du service public ne sont plus récompensées! Et pire, elles sont même victimes de leur succès: en grapillant des spectateurs aux chaînes privées, les bonnes émissions du service public font diminuer les revenus publicitaires de celles-ci, entraînant donc... une diminution des taxes qui leur reviennent! C'est aberrant!
Avec les propositions de Sarko, les chaînes publiques sont condamnées à ne plus évoluer financièrement, même si elle font du bon travail. Elles reçoivent leur enveloppe, se débrouillent avec, mais, de grâce, qu'elles n'aient pas l'outrecuidance d'être ambitieuses!
Le montage financier qui est proposé est totalement fantaisiste et contre-productif... Et c'est dommage, parce qu'un service public sans publicité, c'était une si belle idée.
Je reviens aux propos de Hennebert dans mon mémoire, qui résumait bien la situation: « Je souhaite que la RTBF soit sans publicité, afin d’en revenir aux vraies missions de service public. La publicité a entraîné la RTBF dans une spirale infernale de dépenses pour attirer les annonceurs. En fin de compte, on se demande si la publicité est si intéressante que ça ! Sans la pub, la RTBF n’aurait pas besoin d’autant investir dans des programmes racoleurs qui ne correspondent pas du tout à ses missions. Elle aurait assez de la subvention pour se concentrer sur des émissions de service public. Financièrement, la RTBF peut très bien s’en sortir de cette façon, sans la Formule 1, qui coûte une fortune, les gros blockbusters américains qui n’amènent rien, etc.… Elle doit lancer des émissions selon les besoins sociaux de la population. Le service public ne sera pas déserté par le public car il existe un véritable besoin de service public. »
C'est bien joli, tout ça, mais... quand est-ce qu'on ira faire pipi?
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