Vous connaissez beaucoup de métiers où l'on sait que l'on a bien travaillé quand on a vraiment souffert? Ce genre de métiers où l'on se pose des questions si la douleur n'a pas été assez vive?
Ecrire, c'est ça: un métier de maso.
Cet après-midi, j'ai écris un texte comme ça, coulant de source, en ligne directe du cerveau à la page. Je n'ai rien vu venir: ça semblait si limpide, un véritable soliloque sur papier. Je l'ai écrit sans le sentir passer. C'était vraiment agréable.
Ah! L'erreur!
Evidemment qu'il était pourri. Heureusement que j'ai un patron qui passe derrière pour me botter le train de temps en temps. Mais quand même, ça fait bizarre: pourquoi je suis obligé de me torturer pour écrire convenablement? C'est ça ma vocation? Souffrir ad vitam aeternam? Oh, la joie!
Le pire, c'est qu'avec l'habitude, comme un chien de Pavlov, je commence à anticiper ces mauvaises surprises. Du coup, je m'arrête d'écrire si ça ne fait pas mal. Je me pose des questions: oulà mon coco, c'est trop facile, arrête-toi immédiatement! Veux-tu bien souffrir s'il te plaît? Ce n'est pas une question, c'est un ordre!
Oui, je sais, j'ai besoin d'aller voir un psy rapidement.
Mais j'imagine que c'est le métier qui rentre. Je m'auto-botte le cul avant que le patron ait à le faire. Oui, à part aujourd'hui, donc... Ce n'est pas évident de s'enfoncer soi-même une épingle à tricoter dans... enfin, je vous laisse imaginer.
Tout cela est bien sympathique, mais ce qui m'inquiète vraiment, c'est ça: je crois que ça me plait!
27 octobre 2008
20 octobre 2008
Interview : Nicolas Durand-Zouky
Il a imaginé Léa Parker, il a écrit pour Plus Belle la Vie, et il est désormais le créateur de la série "Disparitions" (bientôt sur France 3): oui, c'est un poids lourd de la fiction française que j'ai le plaisir d'interviewer aujourd'hui, j'ai nommé Nicolas Durand-Zouky.
Votre carrière de scénariste à démarré relativement tard, puisqu'à la base vous étiez assistant réalisateur et formateur. Comment vous-êtes vous retrouvé à la tête de séries à succès?
Nicolas Durand-Zouky: En réalité, j'écrivais des scénarios et des bibles de séries la nuit tout en travaillant le jour comme assistant réal et comme formateur. Le hasard a fait qu'en 2001, j'ai eu à choisir entre ces deux passions (le plateau et l'écriture) puisque dans la même semaine on me proposait un poste d'assistant réalisateur sur le Long-métrage de Julie Lopez-Curval, "Bord de mer" (qui un an après décrochait la Caméra d'or) et que je signais avec M6 pour développer la série "Léa Parker". J'ai opté pour le second, et ma vie a alors basculé complètement dans le scénario télé. Trois ans de développement plus tard, "Léa Parker" était enfin diffusée et je m'envolais vers d'autres aventures télévisuelles, en travaillant sur une nouvelle série un peu particulière pour M6, "Ma Terminale" (réalisée par Stéphane Meunier) puis en intégrant la première équipe de "Plus belle la vie" dont je connaissais déjà deux des créatrices, Bénédicte Achard et Magaly Richard-Serrano que j'avais cotoyées avec bonheur sur "Léa Parker" (comme ce fut le cas pour Jean-Marc Rudnicki).
Vous avez été l'un des initiateurs de l'écriture collective sur les séries françaises: aujourd'hui, quel recul avez-vous sur cette méthode?
Le problème du terme "écriture collective" c'est qu'on peut mettre tout et n'importe quoi derrière. Pour moi, il s'agit avant tout de réunir une équipe d'auteurs qui ont envie de travailler ensemble pour apporter leurs talents, leurs différences et leur complémentarités au service d'une histoire. Il n'y a d'ailleurs pas de méthode à proprement parler. Je n'ai pas travaillé de la même manière sur "Plus belle la vie", "Coeur Océan", ou sur "Disparitions". A chaque série doit correspondre une manière de travailler. De même, il n'est pas indispensable (comme certains producteurs et diffuseurs ont parfois tendance à le penser) de fonctionner sur tous les projets en atelier. Le plus efficace est de trouver la meilleure formule adaptée à chaque projet. Pour ma part, je pense surtout qu'il est utile de travailler à plusieurs quand on est sur des séries longues à écrire dans des temps courts (on réfléchit plus vite à plusieurs) ou dans des fictions chorales (la multiplicité des auteurs apporte ainsi davantage à la multiplicité des points de vue des personnages). Les scénaristes français commencent de plus en plus à s'y mettre et trouvent de plus en plus de plaisir à travailler ensemble, cette notion de plaisir étant indispensable pour pouvoir fonctionner en équipe et pour pouvoir en donner aux spectateurs.
Quel est le cheminement de votre pensée dans les premiers instants de la création d'une série TV?
Ca dépend des séries. Mais en général, j'aime bien partir des personnages. Savoir qui ils sont, ce qu'ils vont nous raconter et ce qu'on va pouvoir vivre avec eux. Après, il y a l'univers dans lequel ils vont évoluer, ce qui va les mettre en interaction, en mouvement, et ce qui va faire que du croisement de leurs trajectoires naisse l'histoire. Il faut d'abord avoir envie de raconter quelque chose, sur le monde, sur la société qui nous entoure, sur les êtres humains ou sur ce qui nous attend demain. Quand j'ai créé "Léa Parker", ma première envie était de parler d'une jeune femme prise dans une triple vie, entre son envie d'être performante au boulot, d'avoir une vie familiale réussie et de s'épanouir sentimentalement... Une équation complexe à laquelle beaucoup de jeunes femmes (et de jeunes hommes) d'aujourd'hui sont confrontés. Sur "Ma Terminale", c'était un retour sur mes années lycées et sur cet étrange phénomène qui fait que, quel que soit le lycée où on se trouve, on retrouve le même genre de structure sociale (les leaders d'opinion qui n'hésitent pas à s'attaquer aux autres, ceux qui leur résistent et la majorité silencieuse qui peut parfois faire beaucoup de bruit quand on la bouscule). Avec mes collègues de "Plus belle la vie", on avait envie de parler de notre société, que ça soit d'un point de vue familial, politique, chez les jeunes comme chez les moins jeunes, et le quartier du Mistral est un magnifique terrain pour raconter une multitude d'histoires à la fois collectives et personnelles... Et sur "Disparitions"... Mystère... Vous verrez ça bientôt sur France 3...
Quels sont vos modèles en matières de séries TV?
Mes modèles sont pour la plupart américain. Pour moi, la plus aboutie reste "Six feet under". J'ai dévoré les cinq saisons et j'en suis encore tout secoué rien que d'y repenser. Après, il y a bien sûr la fondatrice "Twin Peaks" (surtout la saison 1), l'incroyable "Profit" (il faudrait lancer une souscription pour qu'on puisse au moins aller au bout de la saison 1). Il y a eu aussi "The Shield", "Le caméléon", "Millenium", "Le prisonnier", "Amicalement vôtre", etc... Côté français, malheureusement, il y a moins d'élus. J'avais été assez fan de "Police district", mais pour le reste, j'ai du mal à trouver mon bonheur... Cela dit, tous les beaux projets dont j'entends parler et la nouvelle génération de scénaristes qui est en train d'arriver me font penser que les choses vont probablement très bientôt changer. La fiction française n'est pas morte, loin de là...
Merci! On attend donc avec impatience la première de Disparitions. C'est le 1er novembre à 20h50 sur France3.
Voici le pitch:
"Estelle, la fille de Raphaël Sormand, physicien réputé et professeur à la faculté de Toulouse, est retrouvée morte dans une grotte des Pyrénées, victime d'un rituel macabre…
Dépêché sur les lieux pour enquêter sur cette affaire, Antoine Deslambres, policier spécialisé dans la lutte contre les sectes, est alors confronté à son mentor d'hier, Raphaël, auquel il voue une rancune farouche. Le professeur Sormand est pour lui l'unique responsable du drame qui l'a séparé de son grand amour de jeunesse, Claire Etxebarra, quinze ans plus tôt. Un drame survenu dans des circonstances étrangement similaires à celui qui endeuille aujourd'hui la famille Sormand...
Claire, devenue psychiatre, est aussi de retour à Toulouse, accompagnée de son fils Andreu et de Marie, l'amie qui l'a aidée à se reconstruire après le drame d'il y a quinze ans. Drame qui a cloué Claire dans un fauteuil roulant pour le reste de ses jours.
Un retour aux sources imposé par le destin, des faits inexplicables, des blessures intimes jamais cicatrisées...
Claire, Antoine et Raphaël voient à nouveau leurs vies s'entremêler, dans ce véritable triangle des Bermudes pyrénéens qui va les amener à s'affronter, à s'aimer et à se déchirer au fur et à mesure que le mystère entourant la mort d'Estelle s'épaissit…"
Votre carrière de scénariste à démarré relativement tard, puisqu'à la base vous étiez assistant réalisateur et formateur. Comment vous-êtes vous retrouvé à la tête de séries à succès?
Nicolas Durand-Zouky: En réalité, j'écrivais des scénarios et des bibles de séries la nuit tout en travaillant le jour comme assistant réal et comme formateur. Le hasard a fait qu'en 2001, j'ai eu à choisir entre ces deux passions (le plateau et l'écriture) puisque dans la même semaine on me proposait un poste d'assistant réalisateur sur le Long-métrage de Julie Lopez-Curval, "Bord de mer" (qui un an après décrochait la Caméra d'or) et que je signais avec M6 pour développer la série "Léa Parker". J'ai opté pour le second, et ma vie a alors basculé complètement dans le scénario télé. Trois ans de développement plus tard, "Léa Parker" était enfin diffusée et je m'envolais vers d'autres aventures télévisuelles, en travaillant sur une nouvelle série un peu particulière pour M6, "Ma Terminale" (réalisée par Stéphane Meunier) puis en intégrant la première équipe de "Plus belle la vie" dont je connaissais déjà deux des créatrices, Bénédicte Achard et Magaly Richard-Serrano que j'avais cotoyées avec bonheur sur "Léa Parker" (comme ce fut le cas pour Jean-Marc Rudnicki).
Vous avez été l'un des initiateurs de l'écriture collective sur les séries françaises: aujourd'hui, quel recul avez-vous sur cette méthode?
Le problème du terme "écriture collective" c'est qu'on peut mettre tout et n'importe quoi derrière. Pour moi, il s'agit avant tout de réunir une équipe d'auteurs qui ont envie de travailler ensemble pour apporter leurs talents, leurs différences et leur complémentarités au service d'une histoire. Il n'y a d'ailleurs pas de méthode à proprement parler. Je n'ai pas travaillé de la même manière sur "Plus belle la vie", "Coeur Océan", ou sur "Disparitions". A chaque série doit correspondre une manière de travailler. De même, il n'est pas indispensable (comme certains producteurs et diffuseurs ont parfois tendance à le penser) de fonctionner sur tous les projets en atelier. Le plus efficace est de trouver la meilleure formule adaptée à chaque projet. Pour ma part, je pense surtout qu'il est utile de travailler à plusieurs quand on est sur des séries longues à écrire dans des temps courts (on réfléchit plus vite à plusieurs) ou dans des fictions chorales (la multiplicité des auteurs apporte ainsi davantage à la multiplicité des points de vue des personnages). Les scénaristes français commencent de plus en plus à s'y mettre et trouvent de plus en plus de plaisir à travailler ensemble, cette notion de plaisir étant indispensable pour pouvoir fonctionner en équipe et pour pouvoir en donner aux spectateurs.
Quel est le cheminement de votre pensée dans les premiers instants de la création d'une série TV?
Ca dépend des séries. Mais en général, j'aime bien partir des personnages. Savoir qui ils sont, ce qu'ils vont nous raconter et ce qu'on va pouvoir vivre avec eux. Après, il y a l'univers dans lequel ils vont évoluer, ce qui va les mettre en interaction, en mouvement, et ce qui va faire que du croisement de leurs trajectoires naisse l'histoire. Il faut d'abord avoir envie de raconter quelque chose, sur le monde, sur la société qui nous entoure, sur les êtres humains ou sur ce qui nous attend demain. Quand j'ai créé "Léa Parker", ma première envie était de parler d'une jeune femme prise dans une triple vie, entre son envie d'être performante au boulot, d'avoir une vie familiale réussie et de s'épanouir sentimentalement... Une équation complexe à laquelle beaucoup de jeunes femmes (et de jeunes hommes) d'aujourd'hui sont confrontés. Sur "Ma Terminale", c'était un retour sur mes années lycées et sur cet étrange phénomène qui fait que, quel que soit le lycée où on se trouve, on retrouve le même genre de structure sociale (les leaders d'opinion qui n'hésitent pas à s'attaquer aux autres, ceux qui leur résistent et la majorité silencieuse qui peut parfois faire beaucoup de bruit quand on la bouscule). Avec mes collègues de "Plus belle la vie", on avait envie de parler de notre société, que ça soit d'un point de vue familial, politique, chez les jeunes comme chez les moins jeunes, et le quartier du Mistral est un magnifique terrain pour raconter une multitude d'histoires à la fois collectives et personnelles... Et sur "Disparitions"... Mystère... Vous verrez ça bientôt sur France 3...
Quels sont vos modèles en matières de séries TV?
Mes modèles sont pour la plupart américain. Pour moi, la plus aboutie reste "Six feet under". J'ai dévoré les cinq saisons et j'en suis encore tout secoué rien que d'y repenser. Après, il y a bien sûr la fondatrice "Twin Peaks" (surtout la saison 1), l'incroyable "Profit" (il faudrait lancer une souscription pour qu'on puisse au moins aller au bout de la saison 1). Il y a eu aussi "The Shield", "Le caméléon", "Millenium", "Le prisonnier", "Amicalement vôtre", etc... Côté français, malheureusement, il y a moins d'élus. J'avais été assez fan de "Police district", mais pour le reste, j'ai du mal à trouver mon bonheur... Cela dit, tous les beaux projets dont j'entends parler et la nouvelle génération de scénaristes qui est en train d'arriver me font penser que les choses vont probablement très bientôt changer. La fiction française n'est pas morte, loin de là...
Merci! On attend donc avec impatience la première de Disparitions. C'est le 1er novembre à 20h50 sur France3.
Voici le pitch:
"Estelle, la fille de Raphaël Sormand, physicien réputé et professeur à la faculté de Toulouse, est retrouvée morte dans une grotte des Pyrénées, victime d'un rituel macabre…
Dépêché sur les lieux pour enquêter sur cette affaire, Antoine Deslambres, policier spécialisé dans la lutte contre les sectes, est alors confronté à son mentor d'hier, Raphaël, auquel il voue une rancune farouche. Le professeur Sormand est pour lui l'unique responsable du drame qui l'a séparé de son grand amour de jeunesse, Claire Etxebarra, quinze ans plus tôt. Un drame survenu dans des circonstances étrangement similaires à celui qui endeuille aujourd'hui la famille Sormand...
Claire, devenue psychiatre, est aussi de retour à Toulouse, accompagnée de son fils Andreu et de Marie, l'amie qui l'a aidée à se reconstruire après le drame d'il y a quinze ans. Drame qui a cloué Claire dans un fauteuil roulant pour le reste de ses jours.
Un retour aux sources imposé par le destin, des faits inexplicables, des blessures intimes jamais cicatrisées...
Claire, Antoine et Raphaël voient à nouveau leurs vies s'entremêler, dans ce véritable triangle des Bermudes pyrénéens qui va les amener à s'affronter, à s'aimer et à se déchirer au fur et à mesure que le mystère entourant la mort d'Estelle s'épaissit…"
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