22 novembre 2009

Savoir dire stop

Je travaille en ce moment sur un projet très mûr, cela fait près de 10 ans que le créateur est sur le coup, ça fait trois ans que je participe, et deux ans que le dossier a été envoyé à tous les producteurs du monde. L'histoire était imaginée de A à Z, une beau feuilleton cohérent du début à la fin.

Entre en scène le producteur: il aime bien, mais...

Il aimerait changer deux ou trois petits détails. Pas de problèmes, quelques réunions plus tard nous ajustons les paramètres du scénario pour abonder dans son sens. Après tout, celui qui a l'argent décide.

Un peu plus tard, des canadiens sont sur le coup. Ils ont plus d'argent que le producteur local. Celui-ci commence à paniquer: il veut voir plus grand, nous en imposer. Pourquoi pas un plan marketing avec jeu vidéo, produits dérivés, et non pas 13 épisodes mais 24, d'un coup!

Ah, mon petit monsieur, je suis bien d'accord, mais passer de 13 à 24 épisodes, c'est compliqué. L'histoire se tient comme elle est. On a deux solution: ajouter une suite, ce qui était prévu à la base, ou alors intercaler des épisodes entre ceux qu'on a déjà écrit. Rallonger la saison 1, quoi. Délayer le tout.

Pour une raison x ou y sur laquelle je n'ai pas de pouvoir, on a choisi la mauvaise solution (pour ceux qui ne suivent pas: intercaler de nouveaux épisodes). Et on passe la moitié de nos réunion à parler de ce fameux jeu vidéo... qui n'est clairement qu'un écran de fumée et qui ralentit tout le processus créatif.

C'est énervant à quel point une intervention parasite (un producteur qui pense plus à son argent qu'au bien être de la série) peut court-circuiter tout un projet. C'est un peu comme un virus: maintenant tout le monde est contaminé et ne pense plus qu'à intercaler de nouveaux (mauvais) épisodes. Genre des épisodes en forme de flash-back pour en savoir plus sur les personnages: la mort de la dramaturgie. Personne ne se rend plus compte de l'aberration du truc: on est en train de ruiner le projet.

C'est pourquoi, avec le recul, je ne pense pas que trouver un producteur soit la chose la plus difficile pour un scénariste débutant. Le plus difficile, c'est de savoir dire stop!

PS: ceci est le 100ème article sur ce blog! Merci à tous les fidèles, et toutes mes excuses pour les (trop) longues périodes d'inactivité.

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