Quand on est jeune, on représente un espoir. Un espoir non seulement pour ses parents, qui voient en nous un futur génie, mais aussi pour ses professeurs, qui espèrent enseigner à un futur prix Goncourt. Quand on est jeune, on a le temps d'apprendre, de faire des erreurs et de les corriger, d'affiner son style, de copier les maîtres pour s'imprégner de leur substance.
Bref, tous les espoirs reposent sur nous. Et quand l'apprentissage se passe bien, que l'on est le premier de classe, que l'on montre des signes précurseurs de talent, cet espoir est tellement grand qu'il se transforme presque en adoration, et l'on s'habitue très vite à recevoir des louanges.
"Plus tard, pas de doute, tu seras écrivain! Tu es de loin l'élève le plus doué que j'ai jamais eu!"
C'est bien d'être jeune...
Puis arrive un âge, que j'estime à 25 ans, où tout change. Mais pas juste un petit changement, non, non: tout change radicalement. A l'opposé.
25 ans, c'est l'âge où les réductions pour "jeunes" s'arrêtent. C'est l'âge où l'assurance hospitalisation de papa ne nous couvre plus. 25 ans, c'est quand on est censé avoir terminé ses études et choisi sa voie dans la vie. Si l'on veut réussir avant 30 ans, il faut se lancer à 25. Après, c'est trop tard.
Et quand on a 25 ans, tout d'un coup, l'espoir se transforme en interrogation. "Finalement, le génie, il a fait quoi?" Pendant toute sa jeunesse, on a appris, appris, et du jour au lendemain, le mot d'ordre ce n'est plus apprendre, c'est prester! C'est l'heure d'étaler tout ce que tu as appris, vite! Montre-nous ce dont tu es capable. Et soit le meilleur, parce que la concurrence est rude.
Et soudain, ça ne suffit plus de copier les maîtres. Insuffisants, les textes plein d'espoir. Un style qui se cherche n'est plus considéré comme un bon signe, mais comme une tare. Les espoirs des parents, des professeurs, se sont évaporés le temps de fêter ce malheureux 25ème anniversaire. Le seul espoir qui reste, à présent, c'est celui que l'on a dans sa tête.
C'est dur. Ca va tellement vite.
Je fête mes 25 ans dans quelques jours. Et dans ma tête, le seul espoir qui reste c'est que l'on m'accorde une deuxième chance. 26 ans, c'est pas mal non plus, hein?
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