03 septembre 2005

Le plan de carrière

Le meilleur moyen de sombrer dans la déprime est de comparer son âge avec celui des Auteurs Inspirés.

Stephen King publia son premier roman ("Carrie") à 27 ans.

Amélie Nothomb ("Hygiène de l'assassin") à 25.

Alexandre Jardin ("Bille en tête") à 21.

Françoise Sagan ("Bonjour Tristesse") à 19.

Je suis déjà dépassé!

Pourquoi n'ais-je pas été publié aussi tôt? Après tout, j'ai envoyé mon premier manuscrit à Hachette quand j'ai eu 14 ans. Moi aussi, j'aurais pu être un auteur précoce.

Mais il est clair qu'à 14 ans, je n'avais pas encore une notion très claire de l'écriture. Je me contentais d'aligner des mots pour former une petite histoire sympathique, mais sans aucun regard pour le style ou la fluidité. Sans compter les fautes de grammaire, les tournures lourdes, les approximations, bref: une calamité!

Heureusement, je n'ai que 20 ans. Je peux encore retomber sur mes pattes et me lancer dans une carrière d'écrivain.

Ce n'est pas le moment de trouver un emploi fixe et d'être exploité pendant 20 ans avant de me rendre compte que j'ai raté ma vie: il me faut un plan de carrière!

Réfléchissons cinq minutes: je devrais être publié d'ici 5 ans, être invité chez Ardisson d'ici 10 ans, tenir un chronique littéraire dans un grand journal d'ici 15 ans, être mondialement célèbre d'ici 20 ans, entrer dans la postérité d'ici 25 ans, et entrer à l'Académie d'ici 30 ans.

Un bon programme. Pour être honnête, je serais déjà heureux de remplir la première tâche dans le courant de ma vie. Ce n'est pas si difficile.

Raisonnons un peu: un plombier qui exerce son métier avec passion pendant 10 ans devient forcément un excellent plombier. Alors si j'écris avec passion pendant 10 ans, je deviendrai forcément un excellent écrivain. Je serai donc publié. Une première publication en entraînant une autre, ma carrière sera lancée. Il ne tiendra qu'à moi de la maintenir en bonne santé.

Toute la difficulté sera donc de trouver des ressources financières durant les premières années de ma vie. Or, si je trouve un emploi fixe, je suis exploité pendant 20 ans, je perds le goût de l'écriture, et je rate ma vie.

Il faut revoir mon plan...

Disons que je passe les premières années de ma vie à écrire des ouvrages "alimentaires": Régler son magnétoscope pour les Nuls, Les 10 secrets de beauté des plus grandes stars, Les coulisses du Pentagone: on nous ment!, etc... Petit à petit, je m'écarte de ce style pragmatique pour me lancer dans la fiction, seul type d'écriture à m'intéresser réellement.

Ou alors je peux courir nu dans les prairies en philosophant...

Ou alors mon plan ne tient pas la route, et il est impossible de planifier une carrière dans ce genre de domaine. Trop de facteurs aléatoires décideront pour moi.

Cette sensation de n'avoir aucun contrôle sur sa destinée à de quoi faire peur. D'un autre côté, elle libère.

A chacun de voir le verre à moitié vide, ou à moitié plein!

1 commentaire:

rose37 a dit…

J'ai lu votre blog, moi même je suis une écrivaine amatrice, j'ai adoré vous lire, car nous avons la même penser du monde.
Je vous souhait bon courage ^^.

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