Même si la peur de l'échec est parfois très déprimante, l'écriture est globalement une activité plaisante. Et je ne parle pas du succès que peuvent engendrer des romans, ni de l'apport financier qui l'accompagne généralement. Ces deux plaisirs sont hors de portée des Apprentis Auteurs.
Par contre, le fait d'écrire en lui-même est un acte qui fait appel à une zone érogène très puissante: l'imagination. Suis-je en train de comparer l'écriture à l'orgasme? Non, ces deux plaisirs sont très différents. L'orgasme sexuel est bref mais intense, alors que le plaisir de l'écriture s'étend sur une durée plus longue, avec des (très) hauts et des (très) bas.
Comment maximiser les "hauts" et éviter les "bas"?
A mon avis, tout est dans la maîtrise de la structure du récit. Pourquoi?
Un maîtrise "de son sujet" dés avant l'acte d'écriture libèrera l'auteur d'une tâche angoissante: celle de mener sa barque à bon port. Une fois connues la trame et la longueur approximative de l'histoire, l'auteur peut se mettre en mode "automatique" (comme dans l'écriture automatique) et expérimenter des choses plus audacieuses au niveau microscopique sans s'inquiéter de partir dans des culs-de-sacs où l'on se perd.
Comment établir cette structure "de démarrage"?
Premièrement, il faut connaître certaines données fondamentales de l'histoire. Creuser un peu pour en connaître la substantifique moelle. "Je raconte quoi, au fond?"
La réponse à cette question doit être très courte. "Je raconte comment l'ambition peut mener à la folie." "Je raconte comment un histoire d'amour impossible peut déchirer des familles." Etc.
C'est le niveau le plus basique de l'histoire. "The Core of the story" pour faire à la mode. The Core - Le Coeur, pour faire des traductions approximatives!
Ce Core ne doit pas raconter le récit (la chronologie des événements concrets), mais bien l'histoire dans son acception abstraite. Quel thème est envisagé, et sous quel angle. Ce sont les deux éléments indispensables.
Il ne peux s'agit d'un thème seul. Par exemple la phrase "je vais raconter une histoire d'amour impossible" ne suffit pas à déterminer la substantifique moelle d'une histoire car elle ne nous donne aucun angle. Il faut préciser: "une histoire d'amour impossible qui rend tout le monde heureux dans l'entourage", "une histoire d'amour impossible qui amène un homme à se lancer dans la politique", etc.
Avec ces deux éléments on a une ébauche de "direction" à prendre. On ne fait pas du sur-place, ce qui est la pire chose qui puisse arriver lorsqu'un apprenti-auteur prépare mal sa prémisse.
Une fois ce Core établi, on peut broder autour pour le concrètiser:
- un début, les circonstances de l'histoire et un élément déclencheur qui fait que tout va se mettre en marche;
- un mileu, où les personnages vont interagir pour changer la donne, tenter de résoudre les conflits;
- une fin, où le problème induit par l'élément déclencheur se résoud (de manière positive ou négative).
Ce schéma classique est valable pour toutes les histoires du monde, il n'y a pas d'exception.
Dés lors, pour structurer ses idées avant l'écriture, il faut au moins connaître:
- un problème et l'élément qui le déclenche;
- le type de réction qu'auront les protagonistes face à ce problème;
- et bien souvent, la façon dont se résoud le problème.
Bien souvent, seulement, car parfois les auteurs préfèrent laisser le problème se résoudre "de lui-même", grâce à une connaissance intuitive des protagonistes et de la mécanique dramatique.
Le scénario selon ce schéma, que des auteurs comme Lavandier, McKee ou Syd Field ont largement théorisé, s'articule selon un rythme ternaire: début, milieu, fin. Ce rythme vaut aussi bien pour l'ensemble de l'histoire que pour chaque scène, chaque séquence.
Chaque élément du film aura son élément déclencheur (même implicite), son développement et sa résolution.
Ecrire un scénario c'est comme une valse, pour que ça tourne rond il faut une structure en trois temps!
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