J'inaugure une nouvelle série d'articles intitulés "Trucs et astuces" consacrés chaque fois à une technique dramaturgique particulière. Ces "ficelles" ne sont pas forcément indispensables à la construction de l'histoire, mais très efficaces pour pimenter un peu la façon dont on la raconte. Généralement, ces techniques sont faciles à mettre en oeuvre, mais il ne faut pas en abuser.
La technique du set-up, pay-off consiste à utiliser dans l'histoire un élément que l'on a préparé beaucoup plus tôt au court du récit, et qui alors n'avait pas réellement d'utilité directe.
Exemple: dans la première scène, un quidam jette une peau de banane à terre. Dans la deuxième scène, le héros passe à côté de la peau de banane sans tomber dessus. Mais beaucoup plus tard dans l'histoire, alors que l'on avait oublié la banane, voilà que dans un moment extrêmement important (une course-poursuite, par exemple), le héros glisse sur la peau de banane.
Cette technique peut-être extrêmement puissante, et utilisée à plusieurs fins: elle peut-être drôle, dramatique, romantique, etc.
Le fin du fin consiste à faire un set-up, pay-off qui passe inaperçu. En effet, dans un film, si un élément préparé n'est pas utilisé, le spectateur s'attend intuitivement à ce qu'il soit utilisé plus tard. Son attente peut gâcher un effet de surprise, rendre le scénario trop prévisible. Pour masquer le set-up, pay-off, il faut alors utiliser l'élément dés le départ, pour une cause secondaire, de sorte que l'élément paraisse superficiel et anecdotique. Le spectateur va alors momentanément effacer cet élément de sa mémoire et ne plus y revenir. Puis, au moment décisif, donner une seconde utilité à l'élément en question: une utilité primordiale pour le déroulement de l'histoire. Ce pay-off est alors très jouïssif pour le spectateur, qui est pris à revers de façon très habile.
Un exemple marquant de cette technique est le briquet dans l'Inconnu du Nord-Express, d'Hitchcock. Dans un premier temps ce briquet n'est qu'une marque de courtoisie entre deux étrangers dans un train. A la fin de l'histoire, ce briquet devient la preuve de la culpabilité dans une affaire de meurtre.
3 commentaires:
Le mieux consiste à mettre un objet flagrant et faire en sorte qu'il soit nécessaire au scénario mais ne jamais l'utiliser; tout juste à faire raler les spectateurs :p
(du genre "bordel, pourquoi il utilsie pas ce fusil positronique !!!")
althend > haha mais ça alors c'est un gag qui joue sur les codes du cinéma. et ça doit etre très très évident sinon ça marche pas :d
Le terme "préparation/paiement" est plus pertinent. "8 mm", la dernière production de Spielberg, utilise beaucoup ce procédé. On a même l'impression que tout le film n'est constitué que de ce dispositif...
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