Xavier Deutsch est un écrivain belge né en 1965. Il a publié son premier roman (La nuit dans les yeux, Gallimard) en 1989 et a obtenu le prix Rossel (un prix littéraire belge important) en 2002 pour La belle étoile.
Il a bien gentiment accepté de répondre à ma question existentielle: comment écrire quand on doit gagner sa vie avant tout? (voir articles précédents)
Voilà sa réponse:
C'est un peu délicat pour moi de répondre à votre question : vous me demandez de quelle manière un auteur peut concilier sa vie professionnelle avec son activité d'écriture.
Et précisément, c'est (notamment) pour ne plus être embarrassé par ce souci que j'ai choisi de vivre de mon écriture : mon activité littéraire étant devenue mon métier, il n'y a plus de problème, et une activité ne marche plus sur les pieds de l'autre...
De quelle manière les choses se sont-elles passées pour moi avant de vivre de mon écriture? Oui, j'ai fait certaines choses : une thèse de doctorat, une année de service militaire, deux années de chômage. Et j'écrivais quand un roman devenait pressant, à l'intérieur de moi. Question de désir, d'organisation, et de volonté.
Financièrement, les choses n'ont jamais été vraiment faciles. Mais quand j'ai choisi de me lancer, de faire de l'écriture mon métier, j'étais au chômage, donc ce n'est pas non plus comme s'il avait fallu que je quitte une situation en or pour embrasser une carrière périlleuse.
Mais je me dis que j'ai quand même eu du culot et de l'audace, oui, d'oser faire cette démarche.
Cela fait maintenant dix ans : j'ai commencé le 1er avril 1996. Mais ceci dit, rien n'est jamais acquis : j'ai un statut d'indépendant, et je mesure chaque jour la précarité liée à ce métier.
Mais je n'ai absolument aucun regret...
Voilà, j'espère avoir répondu à vos interrogations.
Bien à vous,
Xavier Deutsch
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