Hier, on m'a demandé de mettre de l'humour dans un texte où, objectivement, il n'y avait pas lieu d'en faire. Le texte se tenait très bien tout seul, dans un style adulte et décontracté, agréable mais ne provoquant pas l'hilarité. Sauf quoi voilà, il m'a expressément été demandé d'ajouter une touche d'humour à l'ensemble... C'est comme si on avait forcé le scénariste de Batman d'enjoliver le film avec des scènes de claquettes.
Mais comme je suis payé pour écrire exactement ce qu'on me demande, j'ai avalé ma chique, je me suis creusé la cervelle, et j'ai rajouté par-ci par-là quelques traits d'humour. Je peux maintenant l'affirmer: c'est la chose la plus difficile que j'ai jamais eu à faire.
J'avais toujours eu secrètement envie de devenir un gagman pour la télé, écrivant dans l'ombre des vannes pour les Guignols (au mieux) ou pour Cauet (au pire). Je m'étais toujours persuadé, dans un coin de mon esprit, que j'étais pas moins capable qu'un autre de faire rire avec mes mots. Après tout, l'humour faisait partie de mes points forts, pensais-je.
Patatra! Je vais devoir me rendre à l'évidence: faire rire sur commande, c'est pas évident du tout.
J'ai pourtant étudié l'humour en détails: je sais que des personnages forts, dans une situation qui les pousse à réagir, ça provoque assez facilement le rire. J'ai analysé le phénomène dans quelques articles de ce blog. J'avais même commencé à écrire un one-man-show.
Oui, mais voilà, dans le cadre de ma commande: pas de personnage fort, pas de situation du tout. Juste une animatrice, seule, face caméra, qui a droit à 30 secondes pour lancer un sujet.
Boom: fais-nous rire avec ça!
Ah! Le cadeau! Du coup, ça élimine déjà tout le comique de situation. Ca élimine pas mal de gags visuels, qui de toute façon n'entrent pas trop dans le moule de l'animatrice (j'ai dit LE moule). Ca me laisse les jeux de mots, l'ironie, la moquerie, la dérision et le non-sens.
Pour moi, le plus facile, de loin, c'est l'ironie. Les sujets de l'émission, je peux facilement m'en moquer et tout tourner en dérision. Mais bon, le but n'est pas de descendre sa propre émission non plus. Ni choquer les téléspectateurs qui la regardent. La vraie difficulté, c'est de faire de l'humour bon enfant, qui s'inscrit dans une sorte de positive-attitude branchouillarde.
Bref, la porte de l'humour est déjà pas mal refermée, et ne laisse plus filer qu'une mince faisceau de possiblités pour faire rire.
Comme d'habitude, je me tourne vers la concurrence pour imiter son style (je suis un bon moine copiste). Et là, déception: évidemment aucune émission semblable n'utilise la moindre petite blagounette. Pas le moindre sourire. Oh, que je me sens seul soudain. Pas de béquille sur laquelle m'appuyer.
Vite! Une émission du Ruquier, lui il a toujours un bon mot: ah oui, mais son ressort comique, c'est l'actualité. C'est plus facile. Moi aussi je peux inventer 10 vannes pas drôles dans la minute: "Il paraît que Carla embête Sarko toute la nuit: et bien, c'est un juste retour des choses. Lui il nous ennuie bien toute la journée". "Scandale! Nikos n'écoute pas les disques des gagnants de la Star Ac: ça tombe bien nous non plus". "Mariage: Jean Sarkozy va enfin pouvoir laver son linge sale en famille." etc...
Mais ça n'aide pas des masses. Non, en fait, je crois que l'idée était mauvaise dés le départ. Quel humour mettre là on attend plutôt quelqu'un de sympathique et chaleureux? Faut-il vraiment que je sorte le nez rouge?
Comment faire de l'humour sans en faire vraiment? Sortir une petite vanne gentille qui ne soit ni ridicule ni méchante? Je n'ai pas encore résolu cette question existentielle. Mais je vais devoir trouver la réponse assez rapidement: j'ai bien l'impression que mon job en dépend.
19 septembre 2008
14 septembre 2008
Citation
"Write a screenplay that will change your life. If you don't sell it, at least it will have changed your life."
-- John Truby
-- John Truby
10 septembre 2008
Record battu!
Sept pages A4 en Times New Roman 12 simple interligne. Le tout en 5 heures, montre en main. J'ai les yeux explosés. Je ne sais plus comment je m'appelle. Mais je l'ai fait!
Flash Writer, hahaaan...
Flash Writer, hahaaan...
09 septembre 2008
Qui me lit?
On donne souvent aux jeunes auteurs le conseil de ne pas écrire pour quelqu'un en particulier. "Écris ce qui te fait plaisir et tu trouveras ton public automatiquement". Si la recherche désespérée du plus large public est une vaine entreprise, ce genre d'aveuglement l'est tout autant. En réalité, il est presque impossible d'écrire sans s'imaginer, ne serait-ce que furtivement, même vaguement, l'esquisse d'un public-cible.
Il faut partir du principe que les publics sont multiples, comme l'expliquerait Bourdieu. "Le" public n'existe pas. Ce sont "les" publics. Par exemple, pour ce blog, j'imagine assez facilement que le gros de mon lectorat est fait de scénaristes amateurs (et un peu moins amateurs depuis que j'interviewe le gotha du PAF). Le reste étant ceux qui sont tombés sur ce site par hasard en tapant "Yann Barthes" dans Google (private joke).
Si l'on accepte l'idée qu'un certain public est plus à même d'apprécier ce que l'on écrit, pourquoi ne pas aller plus loin? Pourquoi ne pas essayer, comme en marketing, d'optimiser l'écriture pour ce public-cible? "Parce que c'est l'inverse de ce que l'art doit être, patate!" crient les uns. "Parce qu'alors tout le monde écrirait tout le temps la même chose, andouille!" lancent les autres.
Et ils ont raison. La conclusion dialectique de ce nœud inextricable, c'est que si vous voulez faire de l'art, faites ce que vous voulez. Si vous voulez vendre, ou faire de la télé (ce qui revient un peu au même), soyez conscient de votre public.
(Cette conclusion n'a de dialectique que le nom et Hegel se retourne dans sa tombe).
Ah! Tiens, je suis en mode name-dropping intello aujourd'hui. Ca c'est typiquement le genre de trucs qui peut dégoûter un certain public, et faire jouïr un autre. Et, grâce à un compteur de visites sophistiqué, je peux même le mesurer. Je peux donner le pourcentage de gens qui se seront déconnectés en lisant "Hegel" (bon j'exagère un peu, mais presque).
Je parle des publics, parce que j'ai regardé ce matin les audiences de la chaîne sur laquelle je travaille. Minute après minute, on sait combien de personnes nous regardent. Je sais par exemple que (si je déconne pas trop), ce jeudi, près de 50.000 personnes entendront mes textes à la télévision. Sans savoir que c'est de moi, bien entendu. Mais même, ça reste motivant. Ca met la pression.
Pour satisfaire ces gens, j'essaie de savoir qui ils sont. A l'heure de l'émission, probablement des ados fraîchement rentrés de l'école, en train de faire leurs devoirs. Surtout des filles, des petites fan-girls hystériques, le genre lourd mais adorable. Celles qui se passionnent pour Tokyo Hotel et risquent de téléphoner à la chaîne pour se plaindre si jamais on dit une bétise.
Le meilleur public en fait.
Comme j'ai les outils pour connaître mon public, si je commence à parler de Hegel et Bourdieu, je vais droit dans le mur. donc, je m'adapte. Au contraire, si je parle à des hommes sensés, je ne leur parle pas de Tokyo Hotel.
Ecrire pour un public en particulier, non seulement ça facilite un peu le travail (en réduisant le champ de liberté), mais ça permet d'entrer en contact avec son public par le biais de codes. Les films de genre ont leurs codes, et il est suicidaire de vouloir en changer (à moins de faire de l'Art), sans quoi le public décroche.
Ne reste plus qu'à trouver lesdits codes. Et pour ça, se mettre dans le bain, c'est efficace. Il suffit de s'imprégner assez longtmpes d'une certaine culture, de se confondre avec son public. Pour le comprendre entièrement et ne faire plus qu'un. Conclusion, si vous voulez écrire pour un public, soyez un membre de ce public. Vouloir écrire pour ce que l'on n'est pas est en soi une erreur, et source de frustration.
Parce qu'en fin de compte, votre premier lecteur c'est vous.
...
Est-ce que cet article veut dire quelque chose? J'ai l'impression que ça n'a ni queue ni tête. Je suis complètement à la masse. Ca y est tient, une toute petite semaine de travail et je suis K.O. Bon, je vais regarder les Bronzé 3. Oui, je sais... Je l'avais déjà vu au cinéma.
Il faut partir du principe que les publics sont multiples, comme l'expliquerait Bourdieu. "Le" public n'existe pas. Ce sont "les" publics. Par exemple, pour ce blog, j'imagine assez facilement que le gros de mon lectorat est fait de scénaristes amateurs (et un peu moins amateurs depuis que j'interviewe le gotha du PAF). Le reste étant ceux qui sont tombés sur ce site par hasard en tapant "Yann Barthes" dans Google (private joke).
Si l'on accepte l'idée qu'un certain public est plus à même d'apprécier ce que l'on écrit, pourquoi ne pas aller plus loin? Pourquoi ne pas essayer, comme en marketing, d'optimiser l'écriture pour ce public-cible? "Parce que c'est l'inverse de ce que l'art doit être, patate!" crient les uns. "Parce qu'alors tout le monde écrirait tout le temps la même chose, andouille!" lancent les autres.
Et ils ont raison. La conclusion dialectique de ce nœud inextricable, c'est que si vous voulez faire de l'art, faites ce que vous voulez. Si vous voulez vendre, ou faire de la télé (ce qui revient un peu au même), soyez conscient de votre public.
(Cette conclusion n'a de dialectique que le nom et Hegel se retourne dans sa tombe).
Ah! Tiens, je suis en mode name-dropping intello aujourd'hui. Ca c'est typiquement le genre de trucs qui peut dégoûter un certain public, et faire jouïr un autre. Et, grâce à un compteur de visites sophistiqué, je peux même le mesurer. Je peux donner le pourcentage de gens qui se seront déconnectés en lisant "Hegel" (bon j'exagère un peu, mais presque).
Je parle des publics, parce que j'ai regardé ce matin les audiences de la chaîne sur laquelle je travaille. Minute après minute, on sait combien de personnes nous regardent. Je sais par exemple que (si je déconne pas trop), ce jeudi, près de 50.000 personnes entendront mes textes à la télévision. Sans savoir que c'est de moi, bien entendu. Mais même, ça reste motivant. Ca met la pression.
Pour satisfaire ces gens, j'essaie de savoir qui ils sont. A l'heure de l'émission, probablement des ados fraîchement rentrés de l'école, en train de faire leurs devoirs. Surtout des filles, des petites fan-girls hystériques, le genre lourd mais adorable. Celles qui se passionnent pour Tokyo Hotel et risquent de téléphoner à la chaîne pour se plaindre si jamais on dit une bétise.
Le meilleur public en fait.
Comme j'ai les outils pour connaître mon public, si je commence à parler de Hegel et Bourdieu, je vais droit dans le mur. donc, je m'adapte. Au contraire, si je parle à des hommes sensés, je ne leur parle pas de Tokyo Hotel.
Ecrire pour un public en particulier, non seulement ça facilite un peu le travail (en réduisant le champ de liberté), mais ça permet d'entrer en contact avec son public par le biais de codes. Les films de genre ont leurs codes, et il est suicidaire de vouloir en changer (à moins de faire de l'Art), sans quoi le public décroche.
Ne reste plus qu'à trouver lesdits codes. Et pour ça, se mettre dans le bain, c'est efficace. Il suffit de s'imprégner assez longtmpes d'une certaine culture, de se confondre avec son public. Pour le comprendre entièrement et ne faire plus qu'un. Conclusion, si vous voulez écrire pour un public, soyez un membre de ce public. Vouloir écrire pour ce que l'on n'est pas est en soi une erreur, et source de frustration.
Parce qu'en fin de compte, votre premier lecteur c'est vous.
...
Est-ce que cet article veut dire quelque chose? J'ai l'impression que ça n'a ni queue ni tête. Je suis complètement à la masse. Ca y est tient, une toute petite semaine de travail et je suis K.O. Bon, je vais regarder les Bronzé 3. Oui, je sais... Je l'avais déjà vu au cinéma.
05 septembre 2008
Interview : Manon Dillys
D'abord assistante réalisatrice, Manon Dillys a réussi se faire une place dans le cercle fermé des scénaristes français. Elle est aujourd'hui une valeur sûre de la fiction hexagonale, avec un tableau de chasse où figurent toutes les grandes séries de l'époque: Julie Lescaut, Diane: femme flic, RIS, ou encore l'éphémère Rose et Val. En outre, elle est l'auteur de plusieurs romans pour la jeunesse (Les petits archéologues chez Bayard Jeunesse). Pour l'Auteur Inspiré, elle raconte son parcours, ses craintes et ses espoirs.
Qu'est-ce que qui t'a poussée à devenir scénariste?
Ça va faire un peu cliché mais ma passion pour l’écriture remonte à très très loin. A 7/8 ans j’écrivais des histoires, je dessinais des BD. J’ai eu le déclic un jour vers 8 ans, en lisant une histoire et en me disant « il n’y a qu’un tome et j’ai bien envie de lire la suite. Et si j’écrivais la suite des aventures de ce héros ? » Je me souviens de cette sensation grisante de liberté face à la page blanche, l’idée que tout était possible et que j’allais décider de tout. En plus, j’étais une petite fille très timide, et l’écrit a toujours été pour moi une façon de m’exprimer. Après, vers 15 ans, j’ai commencé à écrire des romans (inachevés à ce jour, la littérature n’a sûrement pas perdu grand chose !), et là je ne me disais même pas « je vais être écrivain », mais j’étais intimement persuadée que j’allais le devenir, juste parce que… ça ne pouvait pas être autrement ! (C’est chouette cette interview, ça coûte moins cher qu’une psychanalyse !)
A partir de quand t'es-tu rendu compte que ce rêve avait une chance de devenir réalité, et, partant de là, qu'as-tu mis en œuvre pour y arriver?
Au moment d’entrer dans la vie active, bizarrement, j’avais complètement « oublié » cette envie d’écrire. Le français était de loin ma matière de prédilection au lycée, et j’ai fait un cursus littéraire typique (hypokhâgne, khâgne, fac de lettres) mais sans savoir vraiment ce que j’allais faire après. J’ai bifurqué vers le théâtre, tout doucement, et découvert l’écriture théâtrale, et ça m’a beaucoup plu. C’est là qu’est revenue l’envie d’écrire, et puis tout naturellement, l’envie d’écrire des scénarios. J’ai donc ajouté une année d’étude « cinéma » à mon cursus. Je voulais écrire, mais je n’imaginais pas sérieusement pouvoir vivre de ma plume. Ça me paraissait beaucoup trop difficile. Finalement, je suis devenue scénariste presque par hasard ! Une belle rencontre avec un jeune scénariste, un « trou » dans mon emploi du temps de jeune assistante-réalisatrice (j’avais 25 ans), et hop ! J’ai tenté ma chance et écrit avec lui. C’était une période faste où les producteurs manquaient d’auteurs sur des séries connues. Une productrice nous a laissé notre chance, et ça a marché très vite. Et très vite j’ai commencé à gagner ma vie, et je n’ai eu envie de faire que ça !
Tes études de lettres t'ont-elles été utiles, en tant que scénariste?
Franchement… oui, si on considère qu’elles m’ont appris une rigueur dans la construction (construire une disserte de français, ça peut s’apparenter à construire une mécanique dramatique). Pour le reste, non. J’ai tout appris de la technique dramaturgique sur le tas, en mettant les mains dans le cambouis. Il n’y a qu’en forgeant qu’on devient forgeron… Mais je connais tellement de cursus de scénaristes différents, que je peux t’assurer qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait des études de lettres pour devenir scénariste. Je connais des scénaristes qui, auparavant, étaient ingénieurs, comédiens, hôtesses de l'air, musiciens, profs… C’est ça que je trouve génial dans ce métier : avec beaucoup (beaucoup ! beaucoup !) de travail et de motivation, tout le monde peut y arriver.
Tu écris aussi des romans pour la jeunesse. C'est très différent du métier de scénariste?
La technique de base n’est pas différente : structurer un récit, c’est pour moi, le même travail quand on écrit un roman, que quand on écrit un scénario. Après, il y a bien évidemment une façon de traduire cette structure qui diffère. Quand on écrit un scénario, il faut penser « visuel ». Une description de roman pourra laisser libre cours à des images, à une poésie qui ne passera jamais dans un film. Ainsi, je trouve que les adaptations de Fred Vargas sont quasiment impossibles à faire. C’est-à-dire que quand on a lu ses livres, on ne peut absolument pas retrouver dans une adaptation télé ou cinéma, les images qui passent dans la tête d’Adamsberg.
Le scénario se doit d’être efficace, pragmatique, en tout cas, beaucoup plus que le roman. C’est sûrement parce qu’il n’est pas un objet en soi, mais « juste » un outil qui aide le réalisateur à faire l’objet artistique : le film. Un roman, au contraire, se suffit à lui-même.
C'est plus facile d'écrire un roman ou un scénario?
Comme je suis avant tout scénariste, je trouve qu’écrire un roman est plus difficile qu’écrire un scénario, au sens où l’écrivain doit, en plus, maîtriser le style, maîtriser la langue. Un bon scénariste peut écrire un bon scénario avec un style atroce, et même des fautes d’orthographe ! Ecrire avec style et trouver « son » style, c’est à mes yeux le travail le plus dur. Quand j’ai écrit mon roman pour enfant, j’en ai fait l’expérience. L’éditrice trouvait l’histoire géniale mais le style atroce ! Elle m’a proposé de retravailler avec Sidonie (NDLR: Van Den Dries, co-auteur des Petits Archéologues), que je ne connaissais pas à l’époque et j’ai accepté. J’ai beaucoup appris en travaillant avec elle, et elle avec moi, je crois.
En tant que scénariste, tu as touché à toutes les grandes séries françaises, qui ont souvent un univers très fermé et une longue histoire derrières elles. Comment fais-tu pour y imprimer ta "patte"?
J’ai démarré ma carrière avec ces séries, c’est un passage obligé pour tout jeune scénariste. La qualité première d’un jeune scénariste, c’est l’adaptation. Il doit pouvoir s’adapter à toute série, à ses codes. Oui, il y a beaucoup de contraintes, mais il reste toujours un espace suffisant pour y mettre de soi, pour créer des personnages. Et c’est bien connu, parfois la contrainte est très stimulante. Par la suite, on a envie de vendre des projets plus personnels. C’est un peu mon cas, en ce moment.
T'est-il déjà arrivé de tomber en manque d'inspiration au pire moment? Comment tu gères le stress dans ce cas?
Oui, bien sûr, ça peut arriver. Ceci dit, en anticipant les dead-lines, on n’est jamais vraiment en panique totale. Sinon, j’ai mes trucs pour débloquer mon imagination. Si je travaille sur une série, je visionne des DVD d’épisodes déjà réalisés. Parfois, il me suffit de lire un livre ou de regarder un film dont la problématique est proche de celle que je traite (ou pas). Regarder et observer le travail des autres est toujours formidablement motivant, je trouve. Quand, je suis vraiment coincée sur un problème de structure, ça peut aussi m’arriver de demander l’avis d’un ami scénariste (et comme j’ai la chance d’avoir un scénariste à la maison, les ateliers brainstorm/lecture sont monnaie courante chez nous !)
Tu as plusieurs projets en cours en ce moment, mais de nos jours, c'est plutôt rare les scénaristes qui ont du boulot, non?
L’audiovisuel français est clairement en crise. Heureusement, beaucoup de scénaristes ont encore du travail. Mais actuellement, le gouvernement prépare une série de décrets dérégulant la pub sur les chaînes privées et instaurant de nouvelles règles entre les producteurs et les chaînes en matière d'obligations de production. TF1, qui actuellement doit consacrer 16 % de son chiffre d'affaires à la production audiovisuelle, aimerait ramener cette obligation à 11 %. Notre travail est clairement menacé, et si ces décrets passent, beaucoup d’entre-nous se retrouveront vraiment au chômage ! L’autre menace, c’est d’être de plus en plus amené à développer des projets qui ne verront jamais le jour sur les écrans. C’est un peu la politique de TF1 en ce moment : développer beaucoup l’écriture, et sélectionner ensuite les projets qu’elle mettra en production. Pour nous, cela risque d’entraîner un manque à gagner énorme au niveau de nos rémunérations car nous toucherons beaucoup moins de droits de diffusion.
Quels sont tes projets pour l'avenir?
Actuellement, je travaille encore sur Paris 16, et sur un projet de 6X52 pour France 3, dont je ne suis pas la créatrice, mais qui est très prometteur ! Mon objectif est d’arriver enfin à vendre un ou des projet(s) plus personnels. Et vu la conjoncture, c’est très difficile. Mais il faut y croire ! Et puis sinon, il me reste juste à devenir « écrivain »... Une broutille, quoi !
Qu'est-ce que tu regardes à la télé? Quelles sont tes séries préférées?
Beaucoup de séries américaines! Côté comédie, j’ai une vraie passion pour Weeds dont j’attends la saison 3 avec impatience. J’adore Desperate Housewifes, comme beaucoup. Californication était aussi une vraie bonne surprise. Sinon en vrac : Lost (je marche comme une vraie gamine), The wire (excellente série policière), Regenesis, Grey’s anatomy (j’avoue que j’ai un peu décroché à la saison 3), Dr House, Rome, The west wing... J’ai vu quelques épisodes de Big love, The L word, des séries intéressantes même si on n’a pas toujours le temps de tout visionner. Je n’ai même pas encore eu le temps de regarder Ugly betty ! Ca craint quand même ! Hormis les américains, je recommande l’excellent Jekyll et The office (séries anglaises) et Les Bougons, une série hilarante québécoise. Côté français, j’ai bien accroché à la deuxième saison d’Engrenage. M6 a produit aussi de très bonnes séries l’année dernière, comme Les bleus ou Cellule Identité. Sinon, je regarde des mini-séries (type Clara Sheller) ou des unitaires (il y en a de vraiment très bons !)
Voilà, c'est déjà fini! Merci beaucoup à Manon Dillys pour avoir répondu à nos questions! Souhaitons lui beaucoup de succès pour ses futurs projets!
Qu'est-ce que qui t'a poussée à devenir scénariste?
Ça va faire un peu cliché mais ma passion pour l’écriture remonte à très très loin. A 7/8 ans j’écrivais des histoires, je dessinais des BD. J’ai eu le déclic un jour vers 8 ans, en lisant une histoire et en me disant « il n’y a qu’un tome et j’ai bien envie de lire la suite. Et si j’écrivais la suite des aventures de ce héros ? » Je me souviens de cette sensation grisante de liberté face à la page blanche, l’idée que tout était possible et que j’allais décider de tout. En plus, j’étais une petite fille très timide, et l’écrit a toujours été pour moi une façon de m’exprimer. Après, vers 15 ans, j’ai commencé à écrire des romans (inachevés à ce jour, la littérature n’a sûrement pas perdu grand chose !), et là je ne me disais même pas « je vais être écrivain », mais j’étais intimement persuadée que j’allais le devenir, juste parce que… ça ne pouvait pas être autrement ! (C’est chouette cette interview, ça coûte moins cher qu’une psychanalyse !)
A partir de quand t'es-tu rendu compte que ce rêve avait une chance de devenir réalité, et, partant de là, qu'as-tu mis en œuvre pour y arriver?
Au moment d’entrer dans la vie active, bizarrement, j’avais complètement « oublié » cette envie d’écrire. Le français était de loin ma matière de prédilection au lycée, et j’ai fait un cursus littéraire typique (hypokhâgne, khâgne, fac de lettres) mais sans savoir vraiment ce que j’allais faire après. J’ai bifurqué vers le théâtre, tout doucement, et découvert l’écriture théâtrale, et ça m’a beaucoup plu. C’est là qu’est revenue l’envie d’écrire, et puis tout naturellement, l’envie d’écrire des scénarios. J’ai donc ajouté une année d’étude « cinéma » à mon cursus. Je voulais écrire, mais je n’imaginais pas sérieusement pouvoir vivre de ma plume. Ça me paraissait beaucoup trop difficile. Finalement, je suis devenue scénariste presque par hasard ! Une belle rencontre avec un jeune scénariste, un « trou » dans mon emploi du temps de jeune assistante-réalisatrice (j’avais 25 ans), et hop ! J’ai tenté ma chance et écrit avec lui. C’était une période faste où les producteurs manquaient d’auteurs sur des séries connues. Une productrice nous a laissé notre chance, et ça a marché très vite. Et très vite j’ai commencé à gagner ma vie, et je n’ai eu envie de faire que ça !
Tes études de lettres t'ont-elles été utiles, en tant que scénariste?
Franchement… oui, si on considère qu’elles m’ont appris une rigueur dans la construction (construire une disserte de français, ça peut s’apparenter à construire une mécanique dramatique). Pour le reste, non. J’ai tout appris de la technique dramaturgique sur le tas, en mettant les mains dans le cambouis. Il n’y a qu’en forgeant qu’on devient forgeron… Mais je connais tellement de cursus de scénaristes différents, que je peux t’assurer qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait des études de lettres pour devenir scénariste. Je connais des scénaristes qui, auparavant, étaient ingénieurs, comédiens, hôtesses de l'air, musiciens, profs… C’est ça que je trouve génial dans ce métier : avec beaucoup (beaucoup ! beaucoup !) de travail et de motivation, tout le monde peut y arriver.
Tu écris aussi des romans pour la jeunesse. C'est très différent du métier de scénariste?
La technique de base n’est pas différente : structurer un récit, c’est pour moi, le même travail quand on écrit un roman, que quand on écrit un scénario. Après, il y a bien évidemment une façon de traduire cette structure qui diffère. Quand on écrit un scénario, il faut penser « visuel ». Une description de roman pourra laisser libre cours à des images, à une poésie qui ne passera jamais dans un film. Ainsi, je trouve que les adaptations de Fred Vargas sont quasiment impossibles à faire. C’est-à-dire que quand on a lu ses livres, on ne peut absolument pas retrouver dans une adaptation télé ou cinéma, les images qui passent dans la tête d’Adamsberg.
Le scénario se doit d’être efficace, pragmatique, en tout cas, beaucoup plus que le roman. C’est sûrement parce qu’il n’est pas un objet en soi, mais « juste » un outil qui aide le réalisateur à faire l’objet artistique : le film. Un roman, au contraire, se suffit à lui-même.
C'est plus facile d'écrire un roman ou un scénario?
Comme je suis avant tout scénariste, je trouve qu’écrire un roman est plus difficile qu’écrire un scénario, au sens où l’écrivain doit, en plus, maîtriser le style, maîtriser la langue. Un bon scénariste peut écrire un bon scénario avec un style atroce, et même des fautes d’orthographe ! Ecrire avec style et trouver « son » style, c’est à mes yeux le travail le plus dur. Quand j’ai écrit mon roman pour enfant, j’en ai fait l’expérience. L’éditrice trouvait l’histoire géniale mais le style atroce ! Elle m’a proposé de retravailler avec Sidonie (NDLR: Van Den Dries, co-auteur des Petits Archéologues), que je ne connaissais pas à l’époque et j’ai accepté. J’ai beaucoup appris en travaillant avec elle, et elle avec moi, je crois.
En tant que scénariste, tu as touché à toutes les grandes séries françaises, qui ont souvent un univers très fermé et une longue histoire derrières elles. Comment fais-tu pour y imprimer ta "patte"?
J’ai démarré ma carrière avec ces séries, c’est un passage obligé pour tout jeune scénariste. La qualité première d’un jeune scénariste, c’est l’adaptation. Il doit pouvoir s’adapter à toute série, à ses codes. Oui, il y a beaucoup de contraintes, mais il reste toujours un espace suffisant pour y mettre de soi, pour créer des personnages. Et c’est bien connu, parfois la contrainte est très stimulante. Par la suite, on a envie de vendre des projets plus personnels. C’est un peu mon cas, en ce moment.
T'est-il déjà arrivé de tomber en manque d'inspiration au pire moment? Comment tu gères le stress dans ce cas?
Oui, bien sûr, ça peut arriver. Ceci dit, en anticipant les dead-lines, on n’est jamais vraiment en panique totale. Sinon, j’ai mes trucs pour débloquer mon imagination. Si je travaille sur une série, je visionne des DVD d’épisodes déjà réalisés. Parfois, il me suffit de lire un livre ou de regarder un film dont la problématique est proche de celle que je traite (ou pas). Regarder et observer le travail des autres est toujours formidablement motivant, je trouve. Quand, je suis vraiment coincée sur un problème de structure, ça peut aussi m’arriver de demander l’avis d’un ami scénariste (et comme j’ai la chance d’avoir un scénariste à la maison, les ateliers brainstorm/lecture sont monnaie courante chez nous !)
Tu as plusieurs projets en cours en ce moment, mais de nos jours, c'est plutôt rare les scénaristes qui ont du boulot, non?
L’audiovisuel français est clairement en crise. Heureusement, beaucoup de scénaristes ont encore du travail. Mais actuellement, le gouvernement prépare une série de décrets dérégulant la pub sur les chaînes privées et instaurant de nouvelles règles entre les producteurs et les chaînes en matière d'obligations de production. TF1, qui actuellement doit consacrer 16 % de son chiffre d'affaires à la production audiovisuelle, aimerait ramener cette obligation à 11 %. Notre travail est clairement menacé, et si ces décrets passent, beaucoup d’entre-nous se retrouveront vraiment au chômage ! L’autre menace, c’est d’être de plus en plus amené à développer des projets qui ne verront jamais le jour sur les écrans. C’est un peu la politique de TF1 en ce moment : développer beaucoup l’écriture, et sélectionner ensuite les projets qu’elle mettra en production. Pour nous, cela risque d’entraîner un manque à gagner énorme au niveau de nos rémunérations car nous toucherons beaucoup moins de droits de diffusion.
Quels sont tes projets pour l'avenir?
Actuellement, je travaille encore sur Paris 16, et sur un projet de 6X52 pour France 3, dont je ne suis pas la créatrice, mais qui est très prometteur ! Mon objectif est d’arriver enfin à vendre un ou des projet(s) plus personnels. Et vu la conjoncture, c’est très difficile. Mais il faut y croire ! Et puis sinon, il me reste juste à devenir « écrivain »... Une broutille, quoi !
Qu'est-ce que tu regardes à la télé? Quelles sont tes séries préférées?
Beaucoup de séries américaines! Côté comédie, j’ai une vraie passion pour Weeds dont j’attends la saison 3 avec impatience. J’adore Desperate Housewifes, comme beaucoup. Californication était aussi une vraie bonne surprise. Sinon en vrac : Lost (je marche comme une vraie gamine), The wire (excellente série policière), Regenesis, Grey’s anatomy (j’avoue que j’ai un peu décroché à la saison 3), Dr House, Rome, The west wing... J’ai vu quelques épisodes de Big love, The L word, des séries intéressantes même si on n’a pas toujours le temps de tout visionner. Je n’ai même pas encore eu le temps de regarder Ugly betty ! Ca craint quand même ! Hormis les américains, je recommande l’excellent Jekyll et The office (séries anglaises) et Les Bougons, une série hilarante québécoise. Côté français, j’ai bien accroché à la deuxième saison d’Engrenage. M6 a produit aussi de très bonnes séries l’année dernière, comme Les bleus ou Cellule Identité. Sinon, je regarde des mini-séries (type Clara Sheller) ou des unitaires (il y en a de vraiment très bons !)
Voilà, c'est déjà fini! Merci beaucoup à Manon Dillys pour avoir répondu à nos questions! Souhaitons lui beaucoup de succès pour ses futurs projets!
01 septembre 2008
L'écriture industrielle
Premier jour de travail aujourd'hui. J'ai écrit comme je n'avais jamais écrit jusqu'alors. Quatre pages utiles en six heures (soit 12 minutes d'émission au total). Moi qui aime peser mes mots, c'était un peu juste. Il a fallu trouver des idées de sujets du tac au tac. Pas deux, ou trois. Quinze idées de sujets people... De quoi remplir l'émission pendant un bon moment.
Après validation par la hiérarchie, développement de trois "enquêtes de la semaine". Je vous épargnerai l'énoncé des sujets, c'est à pleurer. Ces trois idées, il a fallu les étirer jusqu'à la limite de la rupture. Car, voyez vous, la nature des infos people c'est de reposer sur du vent. De ce vent faible et vicié, il faut alimenter une soufflerie. Il faut délayer. Rallonger. Commenter. Faire de la moindre anecdote un prétexte à la logorrhée.
C'est un véritable sport cérébral. Untel a eu un petit accident de la route? Vite! Un sujet! Sa vie est en danger! Pourquoi roule-t-il si imprudemment? C'est sans doute l'abus d'alcool! Pourquoi sombre-t-il dans l'alcool? Sa femme le trompe sûrement! Pourquoi? C'est tout vu: son dernier film a fait un bide. Sa carrière est dans un creux. Va-t-il pouvoir se remettre de cette terrible épreuve?
Et demain, lorsqu'un communiqué de presse expliquera que toute l'affaire n'était qu'un petit excès de vitesse sans conséquence, on se contentera de passer à l'histoire suivante.
Trouver de la narration là où elle n'est pas. Oui, j'avoue: en fait je trouve ce jeu très amusant. Dommage que certains téléspectateurs partagent cet enthousiasme. Parce que je crains que l'humour, somme toute très relatif et sage, que j'introduis dans mes textes (qui ne sont que jeux de mots vaseux et esprit d'à-propos gouailleur) ne suffise à faire passer l'indigeste sauce.
J'ai essayé de trouver des mentors. Des grands manitous du people respectés par leurs pairs. On me souffle le nom de Yann Barthes, sur Canal+. J'ai regardé son émission. Ah, c'est ça le summum? Ok, c'est parfois drôle. Le format est très différent de ce que je fais. Je ne fais pas de plateau. Je n'ai pas les moyens de faire des petits montages amusants. Et je suis pas super fashion comme lui ;-)
Finalement, je me rends compte que je n'ai quasi pas discuté ni remis en cause le format de l'émission avec mes patrons. Je ne sais pas qui la présentera, et jusqu'à ce matin je n'en connaissais pas le titre. On m'a fourni un canevas (une conduite, dans le jargon), que je m'efforce de remplir avec des textes. Ils sont fait pour être lus par une voix-off sur un tapis ininterrompu d'images d'archives. Pas vraiment l'occassion de faire des blagues interactives façon Barthes.
Je me rends compte que je travaille en aveugle. L'émission n'existe pas encore. C'est dans mon esprit un vague mélange entre 50 minutes inside, Le Petit Journal People, et ce qui serait une version télé de Closer. Mais rien n'est clair. Quelqu'un a-t-il seulement une idée de ce que l'on va faire? Après mon premier jour, vais-je oser provoquer une réunion au sommet ?
En tout cas, cette expérience étrange m'aura appris au moins une chose qui me rapproche un peu des scénaristes professionnels: quand on est payé pour écrire, tout d'un coup, c'est plus difficile!
Après validation par la hiérarchie, développement de trois "enquêtes de la semaine". Je vous épargnerai l'énoncé des sujets, c'est à pleurer. Ces trois idées, il a fallu les étirer jusqu'à la limite de la rupture. Car, voyez vous, la nature des infos people c'est de reposer sur du vent. De ce vent faible et vicié, il faut alimenter une soufflerie. Il faut délayer. Rallonger. Commenter. Faire de la moindre anecdote un prétexte à la logorrhée.
C'est un véritable sport cérébral. Untel a eu un petit accident de la route? Vite! Un sujet! Sa vie est en danger! Pourquoi roule-t-il si imprudemment? C'est sans doute l'abus d'alcool! Pourquoi sombre-t-il dans l'alcool? Sa femme le trompe sûrement! Pourquoi? C'est tout vu: son dernier film a fait un bide. Sa carrière est dans un creux. Va-t-il pouvoir se remettre de cette terrible épreuve?
Et demain, lorsqu'un communiqué de presse expliquera que toute l'affaire n'était qu'un petit excès de vitesse sans conséquence, on se contentera de passer à l'histoire suivante.
Trouver de la narration là où elle n'est pas. Oui, j'avoue: en fait je trouve ce jeu très amusant. Dommage que certains téléspectateurs partagent cet enthousiasme. Parce que je crains que l'humour, somme toute très relatif et sage, que j'introduis dans mes textes (qui ne sont que jeux de mots vaseux et esprit d'à-propos gouailleur) ne suffise à faire passer l'indigeste sauce.
J'ai essayé de trouver des mentors. Des grands manitous du people respectés par leurs pairs. On me souffle le nom de Yann Barthes, sur Canal+. J'ai regardé son émission. Ah, c'est ça le summum? Ok, c'est parfois drôle. Le format est très différent de ce que je fais. Je ne fais pas de plateau. Je n'ai pas les moyens de faire des petits montages amusants. Et je suis pas super fashion comme lui ;-)
Finalement, je me rends compte que je n'ai quasi pas discuté ni remis en cause le format de l'émission avec mes patrons. Je ne sais pas qui la présentera, et jusqu'à ce matin je n'en connaissais pas le titre. On m'a fourni un canevas (une conduite, dans le jargon), que je m'efforce de remplir avec des textes. Ils sont fait pour être lus par une voix-off sur un tapis ininterrompu d'images d'archives. Pas vraiment l'occassion de faire des blagues interactives façon Barthes.
Je me rends compte que je travaille en aveugle. L'émission n'existe pas encore. C'est dans mon esprit un vague mélange entre 50 minutes inside, Le Petit Journal People, et ce qui serait une version télé de Closer. Mais rien n'est clair. Quelqu'un a-t-il seulement une idée de ce que l'on va faire? Après mon premier jour, vais-je oser provoquer une réunion au sommet ?
En tout cas, cette expérience étrange m'aura appris au moins une chose qui me rapproche un peu des scénaristes professionnels: quand on est payé pour écrire, tout d'un coup, c'est plus difficile!
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