La différence entre un bon et un mauvais écrivain, c'est que le mauvais, il pense et il écrit, tandis que le bon, il pense... et il écrit.
C'est un travail énorme d'écrire un navet. Il n'en faut pas beaucoup plus pour écrire un chef-d'oeuvre. La seule différence tient dans le bon goût.
Qu'est-ce que le bon goût?
C'est la capacité d'écrire ce qu'il faut, au bon moment.
Les notions de bon et d'opportun dans la littérature varient selon les modes. Des auteurs immensément célèbres il y a deux siècles sont aujourd'hui tombés dans l'oubli. Pauvre Ponson Du Terrail, inventeur de Rocambole. La seule trace de son oeuvre aujourd'hui est l'expression rocambolesque. Laisser une expression dans le langage courant est déjà extraordinaire. Mais son oeuvre immense et variée est hélàs réduite à ce seul terme.
La première ambition, plus modeste, de l'apprenti-auteur, sera déjà de marquer ses contemporains. Pour ce faire, il faut "sentir" le bon goût du moment. Il n'y a pas de méthode: seul le flair fera l'affaire.
Encore mieux, anticiper la mode à venir.
Et le top du top: ne se soucier de rien, devenir la mesure étalon du bon goût, régner en maître sur la littérature comme une valeur sûre.
En attendant, sans trop vouloir épouser des modes fugaces, je pense qu'il est bon pour l'apprenti-auteur de lire ses contemporains pour "humer" le goût ambiant, être au fait des dernières trouvailles stylistique et ne pas être dépassé avant même d'être publié.
31 août 2005
30 août 2005
Enfin libre
L'écriture est une activité profondément frustrante.
C'est franchement paradoxal, puisque la plupart des gens qui commence à écrire se disent: "au moins, dans mes récits, je ne suis pas limité par le principe de réalité, je fais tout ce qui me plait, sans contrainte, je suis seul maître à bord, je suis enfin libre".
Et bardaf, 200 pages plus loin, l'apprenti-auteur découvre qui est esclave de multiples contraintes, et que le seul maître à bord, c'est le récit.
Mais au diable, les règles de la dramaturgie! Si elles sont si contraignante, ne vaut-il pas mieux s'en passer?
Fort bien: je vous montrerai les autres contraintes, celles qui n'ont rien à voir avec la structure du récit.
Premièrement, je cite la contrainte temporelle. L'utime limite pour l'auteur est celle de son espérance de vie. Et s'il est plus ambitieux, il peut se fixer une limite de temps pour terminer un texte. Les Auteurs Inspirés écrivent un roman complet par an. Et c'est à chaque coup un bestseller. La contrainte est la "deadline": il FAUT terminer avant le jour J et peu importe la qualité du résultat. Cette limite engendre la peur de l'échec. La peur de l'échec entraîne le manque de confiance en soi. L'auteur n'écrit plus avec son coeur, mais avec sa peur. Et ça, c'est pas bon. Un auteur qui essaie d'éviter le mauvais est sûr de produire le médiocre. Un auteur qui vise l'excellence n'est sûr de rien, mais tous les résultats sont possibles.
La deuxième contrainte est celle de l'entourage. Elle est profondément liée à la première: une famille, un travail extérieur, des études, des loisirs, toutes les activités de la vie courante (manger, dormir, se laver) réduisent le temps consacré à l'écriture. Un entourage envahissant, une télé allumée, un téléphone branché, un ordinateur connecté, autant de moyens de tout faire sauf écrire. Et donc de louper sa deadline. D'échouer.
La troisième contrainte est celle de la créativité. On peut voir la créativité comme un réservoir dans la tête de l'Auteur: il peut lui arriver de se vider. Même débarassé d'un entourage contre-productif, l'auteur solitaire peut se retrouver bien démuni face à la feuille blanche. Il faut donc remplir le réservoir à idées. C'est une activité très difficile. Humainement impossible dans des délais courts. La deuxième possibilité est de renverser l'image que l'on a de sa créativité: au lieu d'y voir un réservoir qui se vide, pourquoi ne pas y voir un terreau qui se cultive? Chaque petite graine que l'on y sème fait pousser un grand arbre feuillu. D'une petite idée toute simple, on trouve une idée amusante, on rebondi sur un concept intéressant, et finalement on se retrouve avec un tas de matériel créatif à exploiter. Il est important de savoir semer les graines de la créativité. Vouloir trouver une idée en fouillant dans son cerveau aride ne peut mener qu'à un cliché, une copie carbone de ce que l'on a vu récemment à la télé. S'intéresser à l'actualité, à des sujets scientifiques, sportifs, philosophiques ou autres peut mener à la formation d'idées intéressante. Celui qui reste toute la journée devant une feuille blanche à ressasser les quelques grains d'ivraie qui lui restent n'est pas près de se mettre au travail. Il faut savoir préparer le terrain pour que les graines semées y poussent sainement.
La quatrième contrainte est celle de l'excellence. La plupart des gens sont assez motivés pour viser l'excellence. Mais un grand nombre d'entre eux sont assez naïfs pour vouloir s'y tenir tout au long du travail. Ecrire un roman ou un scénario est une tâche de longue halaine. La qualité du texte varie d'un jour à l'autre. Si l'apprenti auteur s'arrête d'écrire lorsqu'il n'est pas à sa meilleure forme, il n'écrit jamais, et la contrainte temporelle le mènera à l'échec. Il faut écrire tout le temps, même les jours sans gloire. Une fois que la première ébauche du roman sera complètement terminée, l'apprenti-auteur pourra mettre ses heures d'excellence à profit pour retravailler les passages médiocres. Cette façon de faire doit être décomplexée, il ne faut pas surligner rageusement les passages que l'on trouve mauvais. Lors de la relecture à tête reposée, ce qui est mauvais sautera aux yeux. Il se peut que le jugement que l'on porte à ses propres écrits change avec le temps.
La dernière contrainte est celle de la liberté. Et oui! La liberté est une contrainte: sans "cadre" dans lequel s'inscrire, l'auteur est libre de tout faire. Il n'a aucun appui. La liberté implique la solitude face à l'oeuvre. Aucune aide. Ecrire en dehors de tout carcant et mener le récit à son but mène soit à un ramassis de merde, soit à un chef d'oeuvre. C'est extrêmement difficile. C'est pour cela que je conseille aux débutants de commencer par écrire dans un style bien précis.
Finalement, une fois toutes ses contraintes désamorcées, l'écriture devient une vraie partie de plaisir. Et c'est à ce moment là que l'Auteur Inspiré peut laisser éclater son génie.
29 août 2005
Trouver sa voix
J'ai toujours tendance à comparer l'écriture avec d'autres arts: le cinéma, la peinture, et surtout la musique.
Un roman ou un scénario, c'est comme un album de musique. Un bon album est cohérent. Toutes les chansons tissent des liens esthétiques et/ou thématiques entre elles. Le titre relfète le contenu. Le choix de l'ordre des chansons est réfléchi. La "texture musicale" des morceaux est reconnaissable, unifiée, tandis que les chansons sont différenciées par la mélodie, le rythme et les paroles. Au sein de chaque chanson, le même effort de structure ordonne couplets et refrains.
Un texte fonctionne exactement de la même manière. Le récit doit être cohérent du début à la fin, "ne pas être épisodique" comme nous l'enseigne Aristote dans sa "Poetique". Chaque scène doit être bien ordonnée, faire référence à d'autres scènes, faire référence au récit tout entier.
Un bon récit est un objet auto-référant. Aucune partie ne doit arriver "comme un cheveux dans la soupe", sans lien avec le reste. L'unité du tout doit être respectée.
D'un autre côté, les scènes doivent contraster les unes avec les autres, tout en gardant, comme l'album de musique, une "texture" unique et identifiable.
Cette texture, c'est le style. C'est dans le style que s'exprime véritablement la voix de l'auteur. Chaque artiste doit trouver sa voix. Dés lors, il trouvera sa voie.
"Les riffs de guitare de Earth, Wind & Fire sont innimitables" : voilà une voix. En un instant, on reconnait la marque du groupe.
"Le ton de Houellebecq est unique" : lui aussi possède une voix forte, unique.
Comment trouver sa voix?
Si une recette magique existait, tout le monde serait écrivain. Le talent - objet mystique par excellence - explique en partie la voix. Le travail acharné n'y changera rien. Une voix ne se "travaille" pas (ou alors elle est feinte et de peu de valeur), elle vient d'elle-même lorsque l'auteur écrit avec son coeur. C'est toute la difficulté : il faut savoir se "laisser aller" tout en gardant un niveau d'écriture excellent. La première étape pour trouver sa voix est donc de faire de l'excellence une habitude. Je conseille donc le recours systématique aux dictionnaires.
La deuxième étape, une fois l'excellence grammaticale et lexicale atteinte, est de laisser tomber dictionnaires et thésaurus. Et de laisser parler son coeur.
"Laisser parler son coeur": voilà qui ressemble à tout sauf à un conseil utile. Or pourtant, j'ai l'intime conviction qu'un écrivain, armé de l'excellence, n'est pas meilleur que lorsqu'il se laisse aller. On ne compte plus les substances stupéfiantes qui sont utilisées à cet effet. Je ne conseille pas la drogue. Mais je conseille de vivre sa vie à son plein potentiel pour découvrir chaque jour de nouvelles choses et expérimenter tout ce qui est possible. Dés lors, l'auteur aura des choses à raconter. Son vécu sera sa voix.
Mais ce n'est pas la seule solution. Un auteur sans vécu n'est pas destiné à l'échec. Une personnalité forte, extériorisée ou non, peu exprimer avec saveur des choses qui sembleraient ternes autrement.
Car les événements que l'on raconte ne sont pas aussi importants que la façon avec laquelle on les raconte.
Tout le monde peut écrire, avec un peu d'entraînement. Tout le monde peut trouver une voix, il suffit de creuser en soi. Toutes autres choses étant égales, ce qui différenciera l'Auteur Inspiré des apprentis-tâcherons sera l'appréciation que fera le public de cette voix : il est possible qu'elle ne soit pas à la mode, qu'elle ne soit pas assez forte, qu'elle laisse indifférent. Dans ce dernier cas uniquement, l'apprenti auteur pourra éventuellement se dire incapable d'écrire de bons textes, et encore, la mode change vite, les goûts et les couleurs ne se discutent pas (sinons en termes financiers).
Car après tout, qu'est-ce qui fait de Victor Hugo un plus grand auteur que vous et moi ? La taille de son lectorat.
Un roman ou un scénario, c'est comme un album de musique. Un bon album est cohérent. Toutes les chansons tissent des liens esthétiques et/ou thématiques entre elles. Le titre relfète le contenu. Le choix de l'ordre des chansons est réfléchi. La "texture musicale" des morceaux est reconnaissable, unifiée, tandis que les chansons sont différenciées par la mélodie, le rythme et les paroles. Au sein de chaque chanson, le même effort de structure ordonne couplets et refrains.
Un texte fonctionne exactement de la même manière. Le récit doit être cohérent du début à la fin, "ne pas être épisodique" comme nous l'enseigne Aristote dans sa "Poetique". Chaque scène doit être bien ordonnée, faire référence à d'autres scènes, faire référence au récit tout entier.
Un bon récit est un objet auto-référant. Aucune partie ne doit arriver "comme un cheveux dans la soupe", sans lien avec le reste. L'unité du tout doit être respectée.
D'un autre côté, les scènes doivent contraster les unes avec les autres, tout en gardant, comme l'album de musique, une "texture" unique et identifiable.
Cette texture, c'est le style. C'est dans le style que s'exprime véritablement la voix de l'auteur. Chaque artiste doit trouver sa voix. Dés lors, il trouvera sa voie.
"Les riffs de guitare de Earth, Wind & Fire sont innimitables" : voilà une voix. En un instant, on reconnait la marque du groupe.
"Le ton de Houellebecq est unique" : lui aussi possède une voix forte, unique.
Comment trouver sa voix?
Si une recette magique existait, tout le monde serait écrivain. Le talent - objet mystique par excellence - explique en partie la voix. Le travail acharné n'y changera rien. Une voix ne se "travaille" pas (ou alors elle est feinte et de peu de valeur), elle vient d'elle-même lorsque l'auteur écrit avec son coeur. C'est toute la difficulté : il faut savoir se "laisser aller" tout en gardant un niveau d'écriture excellent. La première étape pour trouver sa voix est donc de faire de l'excellence une habitude. Je conseille donc le recours systématique aux dictionnaires.
La deuxième étape, une fois l'excellence grammaticale et lexicale atteinte, est de laisser tomber dictionnaires et thésaurus. Et de laisser parler son coeur.
"Laisser parler son coeur": voilà qui ressemble à tout sauf à un conseil utile. Or pourtant, j'ai l'intime conviction qu'un écrivain, armé de l'excellence, n'est pas meilleur que lorsqu'il se laisse aller. On ne compte plus les substances stupéfiantes qui sont utilisées à cet effet. Je ne conseille pas la drogue. Mais je conseille de vivre sa vie à son plein potentiel pour découvrir chaque jour de nouvelles choses et expérimenter tout ce qui est possible. Dés lors, l'auteur aura des choses à raconter. Son vécu sera sa voix.
Mais ce n'est pas la seule solution. Un auteur sans vécu n'est pas destiné à l'échec. Une personnalité forte, extériorisée ou non, peu exprimer avec saveur des choses qui sembleraient ternes autrement.
Car les événements que l'on raconte ne sont pas aussi importants que la façon avec laquelle on les raconte.
Tout le monde peut écrire, avec un peu d'entraînement. Tout le monde peut trouver une voix, il suffit de creuser en soi. Toutes autres choses étant égales, ce qui différenciera l'Auteur Inspiré des apprentis-tâcherons sera l'appréciation que fera le public de cette voix : il est possible qu'elle ne soit pas à la mode, qu'elle ne soit pas assez forte, qu'elle laisse indifférent. Dans ce dernier cas uniquement, l'apprenti auteur pourra éventuellement se dire incapable d'écrire de bons textes, et encore, la mode change vite, les goûts et les couleurs ne se discutent pas (sinons en termes financiers).
Car après tout, qu'est-ce qui fait de Victor Hugo un plus grand auteur que vous et moi ? La taille de son lectorat.
28 août 2005
Je n'aime pas écrire
Alors là, on est mal barré.
C'est un peu comme un instituteur qui déteste les gosses, ou un charcutier végétarien. On a du mal à comprendre s'il exerce son métier par vengeance ou par masochisme.
Alors un écrivain qui n'aime pas écrire, où va le monde?
Laissez-moi m'expliquer:
L'instituteur, quand il avait 20 ans, il adorait les enfants, et il croyait apprendre un métier de rêve: transmettre le savoir aux hommes de demain.
Le charcutier, il est devenu végétarien en constatant comment la viande était acheminée vers son officine. Qui pourrait manger ces cloaques à bactéries en les voyant de près, tous les jours?
La situation est à peu près la même pour l'Auteur Inspiré.
A l'école, il fait 10 sur 10 à ses dictées. Il écrit pour le plaisir, dans un petit carnet. Puis il grandit, et vient le moment où il décide d'écrire un roman complet, d'au moins 200 pages, de ne plus se contenter d'une nouvelle.
Et c'est à ce moment-là, mes amis, que la terrible révélation va frapper notre apprenti écrivain: écrire 200 pages, vous m'excuserez l'expression, mais c'est franchement pèle-couilles.
L'homme moyen normalement constitué comprendra qu'il est sage de s'arrêter là et de laisser les trente-six brouillons inachevés dans un tiroir, en envisageant peut-être de les retravailler après la retraite.
Mais l'Auteur Inspiré est plus fou, ou peut-être moins moyen que la moyenne, et ne s'embarasse pas de raisonnements raisonnés. Il faut écrire ce roman coûte que coûte. C'est que le jeune bougre à des choses à dire. Il veut transformer le monde... Et pire: il croit que le monde à besoin de lui pour être transformé.
Mon Dieu! Le fou! L'arrogant! Le prétentieux! Son chatiment sera terrible: gavé de mots, de phrases, de dictionnaires, l'apprenti sera plongé dans une vague de doute, de tourments, de profonde dépression.
"Je suis nul!" se dira-t-il. Et les autres le lui diront aussi, lorsque qu'il aura l'audace de leur présenter ses premiers manuscrits.
Mais il n'en a pas assez, il résiste: il récidive! Jusqu'où ira-t-il? A-t-il donc perdu l'esprit? Ne comprend-il pas qu'il n'a aucun talent et qu'il est plus sage d'arrêter?
Non, il ne le comprend pas.
Et brouillon après brouillon, l'Auteur Inspiré commence à aligner les phrases avec brio. Il ne s'étonne même plus de la saveur des mots: il nage dedans. L'excellence devient une habitude. Et son seul effort désormais n'est plus d'être "lisible", mais d'être génial!
Cette dernière partie évidemment, n'a pas encore été atteinte par votre Serviteur. D'autant plus que le passage entre le stade d'Apprenti et celui d'Auteur Eclairé est plus long et plus douloureux que la simple répétition acharnée.
Si un peu de travail constant pendant quelques suffisait à devenir un écrivain accompli, ça se saurait....
Bien que...
C'est un peu comme un instituteur qui déteste les gosses, ou un charcutier végétarien. On a du mal à comprendre s'il exerce son métier par vengeance ou par masochisme.
Alors un écrivain qui n'aime pas écrire, où va le monde?
Laissez-moi m'expliquer:
L'instituteur, quand il avait 20 ans, il adorait les enfants, et il croyait apprendre un métier de rêve: transmettre le savoir aux hommes de demain.
Le charcutier, il est devenu végétarien en constatant comment la viande était acheminée vers son officine. Qui pourrait manger ces cloaques à bactéries en les voyant de près, tous les jours?
La situation est à peu près la même pour l'Auteur Inspiré.
A l'école, il fait 10 sur 10 à ses dictées. Il écrit pour le plaisir, dans un petit carnet. Puis il grandit, et vient le moment où il décide d'écrire un roman complet, d'au moins 200 pages, de ne plus se contenter d'une nouvelle.
Et c'est à ce moment-là, mes amis, que la terrible révélation va frapper notre apprenti écrivain: écrire 200 pages, vous m'excuserez l'expression, mais c'est franchement pèle-couilles.
L'homme moyen normalement constitué comprendra qu'il est sage de s'arrêter là et de laisser les trente-six brouillons inachevés dans un tiroir, en envisageant peut-être de les retravailler après la retraite.
Mais l'Auteur Inspiré est plus fou, ou peut-être moins moyen que la moyenne, et ne s'embarasse pas de raisonnements raisonnés. Il faut écrire ce roman coûte que coûte. C'est que le jeune bougre à des choses à dire. Il veut transformer le monde... Et pire: il croit que le monde à besoin de lui pour être transformé.
Mon Dieu! Le fou! L'arrogant! Le prétentieux! Son chatiment sera terrible: gavé de mots, de phrases, de dictionnaires, l'apprenti sera plongé dans une vague de doute, de tourments, de profonde dépression.
"Je suis nul!" se dira-t-il. Et les autres le lui diront aussi, lorsque qu'il aura l'audace de leur présenter ses premiers manuscrits.
Mais il n'en a pas assez, il résiste: il récidive! Jusqu'où ira-t-il? A-t-il donc perdu l'esprit? Ne comprend-il pas qu'il n'a aucun talent et qu'il est plus sage d'arrêter?
Non, il ne le comprend pas.
Et brouillon après brouillon, l'Auteur Inspiré commence à aligner les phrases avec brio. Il ne s'étonne même plus de la saveur des mots: il nage dedans. L'excellence devient une habitude. Et son seul effort désormais n'est plus d'être "lisible", mais d'être génial!
Cette dernière partie évidemment, n'a pas encore été atteinte par votre Serviteur. D'autant plus que le passage entre le stade d'Apprenti et celui d'Auteur Eclairé est plus long et plus douloureux que la simple répétition acharnée.
Si un peu de travail constant pendant quelques suffisait à devenir un écrivain accompli, ça se saurait....
Bien que...
Des nains dans le métropolitain
On n'a pas idée à quel point il est difficile de trouver un sujet intéressant pour un roman ou un scénario. La limite entre l'originalité et le ridicule est tellement étroite que le jugement objectif de ses propres écrits relève de l'impossible.
Je me suis dit: à quoi bon éviter le ridicule? S'il est omniprésent, pourquoi ne pas se jeter dedans et assumer, comme un grand?
Un camarade de classe m'a alors soufflé l'idée suivante: des nains, organisés en corporation, enlèvent des jeunes filles pour les faire travailler dans leur fabrique de parapluies, sous le réseau de l'underground londonien.
MOI: Oui, mais pourquoi enlever des jeunes filles?
LUI: Parce qu'il faut tester les parapluies sur des personnes de grande taille.
MOI: Mais pourquoi dans le métro à Londres?
LUI: Parce qu'ils ont été chassés des usines en surface.
MOI: Du rascisme anti-nains?
LUI: Bingo!
Evidemment, c'est un sujet qu'on ne traite pas à la légère. Il retourne de rascisme, de lutte des classes, d'enlèvements. Finalement, le ridicule pourrait bien me donner un sujet canon.
Mais c'est à ce moment qu'arrive l'os: quelqu'un a déjà piqué le sujet!
LUI: Incroyable!
MOI: Je t'assure, ils en ont même fait des films, et des remakes.
LUI: Mince, on est cuit! Qui est le salopard qui a eu cette idée?
MOI: Il s'appelle H.G. Wells.
LUI: Ca me dit quelque chose? C'est pas lui qui a fait Citizen Kane?
MOI: Non. C'est l'autre.
Et le sagouin à eu l'idée un sicle avant mon ami. Evidemment, Monsieur Wells est un grand auteur. Il a le bon goût de dire Morlock quand je dis nain. Et Eloïs quand je dis jeune femme. Ca en jette plus, ça enlève le ridicule, et ça m'empêche de trouver un sujet pour mon prochain roman!
Je me suis dit: à quoi bon éviter le ridicule? S'il est omniprésent, pourquoi ne pas se jeter dedans et assumer, comme un grand?
Un camarade de classe m'a alors soufflé l'idée suivante: des nains, organisés en corporation, enlèvent des jeunes filles pour les faire travailler dans leur fabrique de parapluies, sous le réseau de l'underground londonien.
MOI: Oui, mais pourquoi enlever des jeunes filles?
LUI: Parce qu'il faut tester les parapluies sur des personnes de grande taille.
MOI: Mais pourquoi dans le métro à Londres?
LUI: Parce qu'ils ont été chassés des usines en surface.
MOI: Du rascisme anti-nains?
LUI: Bingo!
Evidemment, c'est un sujet qu'on ne traite pas à la légère. Il retourne de rascisme, de lutte des classes, d'enlèvements. Finalement, le ridicule pourrait bien me donner un sujet canon.
Mais c'est à ce moment qu'arrive l'os: quelqu'un a déjà piqué le sujet!
LUI: Incroyable!
MOI: Je t'assure, ils en ont même fait des films, et des remakes.
LUI: Mince, on est cuit! Qui est le salopard qui a eu cette idée?
MOI: Il s'appelle H.G. Wells.
LUI: Ca me dit quelque chose? C'est pas lui qui a fait Citizen Kane?
MOI: Non. C'est l'autre.
Et le sagouin à eu l'idée un sicle avant mon ami. Evidemment, Monsieur Wells est un grand auteur. Il a le bon goût de dire Morlock quand je dis nain. Et Eloïs quand je dis jeune femme. Ca en jette plus, ça enlève le ridicule, et ça m'empêche de trouver un sujet pour mon prochain roman!
Qui est l'Auteur Inspiré?
A première vue, ce n'est pas moi...
Il peut paraître un peu prétentieux, pour un apprenti écrivain, de publier des messages sous le nom de l'Auteur Inspiré, mais ce titre est moins une réalité qu'un désir. J'aspire à devenir celui qui, chaque année, parvient un publier un nouveau best-seller, un scénario de blockbuster, un chef-d'oeuvre intemporel.
L'Auteur Inspiré est une idée de la réussite. Il s'appelle Michel Houellebecq ou Frédéric Beigbeder, elle s'appelle Amélie Nothomb ou Mary-Higgins Clark.
Mais je ne veux pas être un "one-shot", excusez l'anglicisme. Où est l'intérêt (autre que financier) d'avoir immensément de succès avec un seul ouvrage, et de retomber aussitôt dans l'oubli? Je crains que cela arrive à notre ami Dan Brown. Il a cartonné avec Da Vinci Code mais je le vois mal réitérer son "exploit" plusieurs fois. Etre un one-shot, c'est terrible. C'est un peu comme la télé-réalité. Devenir la Loana de la littérature. Crotte!
Je suis difficile, pour un blanc-bec de 20 piges, direz-vous. Sans doute. Si j'avais le choix entre un one-shot et l'anonymat éternel, est-ce que je choisirais le quart-d'heure de gloire? Sans doute. Et est-ce que je renierais tous mes principes pour quelques dollars de plus? Sans doute.
Mais mon ambition, c'est L'Auteur Inspiré.
Inscription à :
Articles (Atom)