06 juillet 2008

Citation

"The one important thing I have learned over the years is the difference between taking one's work seriously and taking one's self seriously. The first is imperative and the second is disastrous."
-- Margot Fonteyn

04 juillet 2008

William Goldman

Grâce à YouTube, je suis tombé sur une vidéo de grande valeur: une interview de William Goldman (Butch Cassidy, All the president's men, Maverick et mon film préféré, The Princess Bride) en 1984, où il explique les coulisses de plusieurs de ses scénarios. C'est à cette occasion qu'il dira la fameuse phrase "In Hollywood, nobody knows anything". Un document à voir, donc, à cette adresse: http://www.youtube.com/watch?v=AomMhv04whY&feature=related. Attention, c'est en trois parties.

Du point de vue de la dramaturgie, ce que l'on peut en retenir, c'est que le scénario est avant tout une structure. Goldman explique que pour All the president's men, basé sur un livre, il avait la possibilité d'inclure des scènes géniales, mais qu'il les a laissées sur le côté, car elle n'entraient pas dans la structure du film. Peu importe le spectacle de ces scènes, il faut préserver "the spine" - la colonne vertébrale - du film à tout prix. Sinon, dit-il, ces scènes meurent "comme des baleines échouées sur la plage".

Il est intéressant également de relever la façon dont Goldman conçoit ces scènes: il réfléchit en terme de "fonction". Telle scène sert à avancer tel concept, telle autre à préparer tel élément... Ce n'est qu'ensuite qu'il rend ces scènes spectaculaires/passionnantes.

Troisième élément, au sujet du style d'écriture, Goldman est partisan d'un style très libre, probablement issu de son expérience d'auteur de romans, loin du la forme épurée (presque dénuée de style) que l'on préconise aux jeunes scénaristes. Il considère le scénario comme un outil de vente (au producteur), et il est prêt à tout inclure dans le script pour le transformer en film. Y compris des clins-d'œil, des à côté, des tournures littéraires... Tout ce qui est normalement "interdit" au scénariste.

Dommage que Goldman soit sur une pente descendante depuis plusieurs années (son dernier scénario est Dreamcatcher, une adaptation ratée de Stephen King) car il parle bien de son métier.

01 juillet 2008

L'art subtil des bandes-annonces

Je dois vous avouer que je souffre d'une déviance mentale assez grave: je suis passionné par les bandes-annonces. Je les regardes toutes. Je les décortique. Je les juge. Je fais des pronostics sur la qualité du film qui en découlera, et sur son succès. Et croyez-moi, juger un film sur une bande-annonce de 2 minutes, c'est une science très aléatoire.

Mais, pourtant, il y a des constantes... Un mauvais "trailer" donne presque systématiquement un mauvais film (c'est l'inverse qui n'est pas vrai). Dans un bon trailer, on voit du premier coup d'oeil la vision unique d'un réalisateur talentueux (comparez la bande-annonce de Grindhouse avec celle de, au hasard, Mes amis, mes amours). Une bonne bande annonce nous raconte déjà une histoire - ou du moins nous donne assez d'éléments pour se mettre à fantasmer - plutôt que de nous plonger dans un mystère un peu abscon (le nouveau X-files refait la même erreur!) qui laisse sceptique.

Certaines bandes-annonces nous racontent certes une histoire, mais tellement banale et navrante que l'on a déjà tout compris: on voit les grosses ficelles, on peut presque déjà ré-écrire le scénario à l'aveuglette (15 ans et demi, avec Daniel Auteuil). Au contraire, les bandes-annonces réussies, nous donne les grandes lignes de l'histoire, un truc totalement nouveau, dont on se demande comme ça va finir! (The Curious Case of Benjamin Button, de David Fincher).

Chaque semaine, j'analyse donc les quelques bandes-annonces publiées sur le site d'Apple. On y trouve deux types de films: les grandes machines des studios hollywoodiens... Typiquement des intrigues abracadabrantesques, des trailers lèchés aux petits oignons, un casting solide, et du tape à l'oeil. On en a pour son argent, on va dire. Mais tout reste prévisible. Mais il y a aussi les petits films indépendants (toute la sélection officiel de Sundance y passe), et là, il y a du bon et du moins bon.

Etrangement, les films indépendants ont aussi leurs "clichés". Généralement, un/une paumé, dans un coin reculé du Midwest, qui a une relation problématique avec ses parents et qui va redécouvrir le vrai sens de la vie. Et la voix-off qui débite invariablement une belle maxime sur le destin : "Life is what happens to you while you're busy making other plans."

Il faut dire que depuis Little Miss Sunshine, la mode est aux "feel-good-movies". C'est parfois un peu énervant de voir le manque d'originalité même chez les indépendants. Surtout que leurs bandes-annonces sont un peu plus artisanales, donc quand ça ne marche pas, ça coince immédiatement. Par contre, il y a aussi de belles surprises. C'est comme ça que j'ai découvert le film Juno, que je recommande. Des personnages paumés - comme d'hab - mais une vraie émotion. Et c'est bingo.

Là où la pathologie des bandes-annonces devient carrément flippante, c'est sur un site comme First Showing, où des types souffrent des mêmes TOC que moi, mais ils sont plus nombreux et beaucoup plus puissants! C'est sur ce genre de sites que le "buzz" se crée autour d'un film, parfois 1 an à l'avance! Ces sites peuvent faire ou défaire la réputation d'un film *avant même sa première diffusion*! Et tout ça, sur base de simples bandes-annonces...

Bon, heureusement en Europe, cette pratique est beaucoup moins répandue. En général, le public se contente du passage des "people" chez Cauet et Ruquier pour se faire une idée. Certains vont d'ailleurs au cinéma sans s'informer à l'avance... ce que je trouve très noble et très pur mais complètement inconscient quand on sait le nombre de navets qui se faufilent jusque dans les salles obscures.

En tout cas, je ne suis pas près de guérir. Sur base des bandes-annonces américaines (qui ont toujours plusieurs mois d'avance sur nous), je peux déjà vous recommander les bons films de l'année prochaine: Wall-E, Batman, The Spirit.

On verra si les versions longues tiennent la distance!