11 septembre 2011

Entourage: grandeur et décadence façon Hollywood

Ce soir la chaîne HBO diffuse le tout dernier épisode de la série Entourage, et je dois avouer que j'ai un petit pincement au coeur.

Je regarde cette série depuis le début, attiré dans un premier temps par les jolies demoiselles qui peuplaient les arrières-plans dénudés.

Petit à petit, la série est devenue pour moi et beaucoup d'autres un rendez-vous incontournable: sa satire du showbizz hollywoodien, ses performances comiques grâce à Ari Gold (Jeremy Piven), son groupe de potes sympas, ont fini par créer un mélange très addictif.

La troisième saison de Entourage en était l'apogée. La critique du showbizz était féroce et, surtout, elle sonnait juste. On avait l'impression qu'un Ari Gold dominait toutes les agences du monde réel. On vivait par procuration les sorties de Vincent Chase au manoir Playboy, en se disant que la vie de star, c'est vraiment trop cool... Et on y croyait!

Comme Vince, la série était au sommet de sa gloire... Et puis les choses ont mal tourné. Petit à petit, la série a perdu de sa superbe et a viré au soap-opéra de seconde zone dans ses dernières saisons, reléguant la satire au second plan et oubliant les ingrédients qui firent son succès.

Cet article vise donc à analyser les raison de ce déclin. Erreurs de casting, mauvais choix créatifs, quelles sont les raisons qui ont fait dégringoler Entourage à son état actuel?

La recette perdue
La recette originale d'Entourage était un mélange subtil de réalisme et de fantasme. Réalisme dans la vie professionnelle de Vince, la star d'Hollywood, qui gère avec difficultés le stress du box-office, de la concurrence avec les autres acteurs, les relations tendues avec son agent. Ces problèmes proches de la vie réelle, bien qu'exagérés à l'écran, donnaient un cachet d'authenticité à la série.

Ce label de "réalisme" permettait aux intrigues secondaires de s'échapper dans le fantasme pur, les parties à trois avec des top-modèles, les coups d'un soir dans un carré VIP, les privilèges réservés aux plus grandes stars. C'était un équilibre entre le vrai et le faux qui rendait la série passionnante et divertissante à la fois. Une grande partie du côté comique de la série venait aussi du fait que les intrigues "fantasme" avaient aussi un rapport avec les intrigues "réalisme": Vince devait par exemple draguer telle actrice pour qu'elle accepte de signer un contrat pour Ari, qui à son tour renvoyait l'ascenseur, etc. Tout était lié, comme dans toute bonne intrigue qui se respecte.

Au fil des saisons, le pourcentage de réalisme a fortement été diminué, ce qui a enlevé pas mal de l'attrait de la série... Les enjeux ne peuvent pas vraiment être pris au sérieux dans un monde qui sent le cartoon et le faux.

Mais - et c'est bien pire - ce réalisme disparu n'a pas été remplacé par plus de fantasme. C'est la grosse erreur des scénaristes: le fantasme a été remplacé par le quotidien de monsieur tout-le-monde! Voyez plutôt: Vince arrête la drogue, Eric va au boulot de 9 à 5, Turtle gère sa petite entreprise et Drama fait du doublage de dessins-animés... Pas très passionnant!

On est loin des ENJEUX qui étaient sur la table dans les premières saisons: des millions de dollars, la carrière de Vince qui pouvait s'arrêter à chaque instant, Ari Gold qui menaçait de le virer au moindre faux pas, Eric qui n'était encore qu'un livreur de pizza se battait pour obtenir une place d'agent...

La réduction des enjeux est donc la première erreur des scénaristes. Mais ce n'est pas la seule...

Le détricotage du groupe
Le principal atout de la série a toujours été sont groupe de potes, inséparables et prêts à tout pour s'entraider: Vincent Chase, Eric Murphy, Turtle et Johnny Drama. Ces quatre là vivent tout ensemble, ils ressentent et réagissent ensemble, ils font face ensemble.

Leurs quatre personnalités différentes permettaient aux scénaristes de faire naître le conflit sur des problèmes communs. Ce principe de base, simple à comprendre, formait le fondement dramaturgique de la série, et aussi incroyable que cela puisse paraître, les scénaristes se sont efforcés de s'en débarrasser!

Pendant les 4 dernières saisons de la série, le groupe d'amis s'est désagrégé, chacun vaquant à ses occupations et ne faisant que de brèves apparitions dans la vie des autres. Chacun pour soi et dieu pour tous...

Eric atteint son but de devenir agent de stars au milieu de la série: son personnage perd tout intérêt dés cet instant. Il en devient insupportable jusqu'à la fin!

Turtle est intéressant lorsqu'il profite de la notoriété de son ami Vince pour obtenir des privilèges... Mais les scénaristes font de lui un entrepreneur à succès qui n'a plus vraiment besoin de Vince pour vivre.

Drama est comique uniquement en réaction aux autres: tout seul, il ne vaut rien. Evidemment, dans un groupe désagrégé, c'est ce qui arrive...

Vince, enfin, incarnait la cohésion du groupe. Dés le moment où le groupe s'est disloqué, le personnage a perdu toute utilité dramatique. Pour pallier à cette flagrante inutilité, les scénaristes l'ont accablés de problèmes artificiels: la drogue, une copine star du porno, l'alcool, un meurtre, ... Tout cela ne ressemble plus à la série d'origine.

Et l'humour dans tout ça?
Comparez des épisodes des 3 premières saisons avec les 3 dernières, et quelque chose vous sautera aux yeux: les anciens épisodes sont beaucoup plus drôles. Meilleures situations, meilleures dialogues, meilleurs seconds rôles.

La série a tout simplement oublié d'être drôle en cours de route: son virage vers le drame type soap-opéra l'a déshabillée de tout ce qui la rendait agréable.

C'est donc sans fleur ni couronne que je déplore la fin d'Entourage. On ne peut pas être et avoir été.