08 mai 2013

Les séries pour enfants des années 90

Je suis en plein trip régressif en ce moment. Après avoir regardé les dessins animés bien connus de mon enfance (tout ce qui passait sur Dorothée et les Minikeums), j'ai creusé un peu plus profondément dans le puits de ma mémoire pour ressortir des tréfonds les séries injustement oubliées de cette époque.

En les regardant avec un oeil d'adulte, je ne peux admettre qu'une conclusion: c'était vachement bien! Petit tour d'horizon des séries pour enfants des années 90 que je préfère.

Les maîtres des sortilèges (Spellbinder)
Série australienne, les Maîtres des Sortilèges raconte les aventures de jeunes qui se perdent dans un monde parallèle ambiance steampunk (grosse influence de Nikola Tesla) dominé par les terribles "Spellbinders" qui maîtrisent seuls l'électricité et tyrannisent la population. Les jeunes vont héroïquement rétablir la justice dans ce monde parallèle, tout en cherchant à retrouver le chemin de leur maison.

Bien entendu, les effets spéciaux et la musique Bontempi un peu cheap peuvent aujourd'hui faire sourire. Mais une chose est sûre: les scénarios sont vachement captivants. L'avantage des séries pour enfants, c'est qu'elles ne perdent pas de temps: en un épisode, des ados passent d'un monde à l'autre, sont capturés, s'enfuient, etc. Bref, on ne s'ennuie pas une seconde.

D'autre part, cette série possède un imaginaire libérateur pour les enfants: sans leurs parents, dans un monde où ils peuvent jouer à jeu égal avec les adultes, ils ont le pouvoir de changer les choses. Un soupçon de science et de magie rendent le tout très excitant. C'est comme une bonne campagne de Donjons et Dragons: tout est possible!

A noter que les créateurs de la série étaient aussi à l'origine de Alana ou le futur imparfait, série du même genre.

L'odyssée fantastique ou imaginaire (The Jellybean Odyssey)
Série canadienne, L'odyssée fantastique se déroule entièrement dans la tête d'un ado qui est dans le coma. Dans ce monde imaginaire, les adultes ont complètement disparu, et les enfants, loin d'être des petits anges, on fondé un état totalitaire dans lequel nos héros doivent rétablir la justice.

Reprenant à son compte la thèse de Sa Majesté Des Mouches, cette série est fichtrement plus intelligente qu'elle n'en à l'air. Sous des airs d'aventures légères où des enfants parcourent des décors post-apocalyptiques façon Mad Max, on trouve une caricature bien trempée des régimes totalitaires et de la bêtise des foules.

Encore un fois, la série fonctionne bien car elle libère l'enfant de tout ingérence des adultes. La série s'adresse directement aux enfants, et les atteint directement à un niveau psychologique primal: la frustration d'être tout le temps enfermé dans le carcans imposé par les adultes.

La série sert donc d'exutoire, tout en ayant l'avantage d'être bien écrite et d'être divertissante: les aventures que nos héros vivent sont haletantes, pleines de rebondissements, et ont un lien symbolique avec le monde réel. Le suspense est donc constant: quand le héros va-t-il sortir de son coma?

Mission top-secret
Encore des australiens! Mission top secret raconte les aventures d'un groupe d'enfants dispersés aux quatre coins de la planète mais travaillant tous pour l'organisation Alpha Centauri, dont l'objectif est... de faire le bien dans le monde (comme dans MacGyver et sa fondation Phoenix, c'est flou).

Cela peu sembler cocasse de fare travailler dans enfants dans une organisation de contre-espionnage mondial, mais ça fonctionne très bien. Contrairement aux séries évoquées ci-dessus, les enfants ne sont pas ici entièrement libres, ils sont supervisés par le chef de Alpha Centauri, Sir Joshua, un vieux scientifique riche qui tient plus du grand-père que du patron.

En réalité, cette série est un cours de géographie, de science, d'histoire, sous le masque d'une petite intrigue d'aventure. Sur le même mode que Carmen Sandiego, on voyage beaucoup (en réalité, dans les pays diffusant la série), et au passage on apprend plein de choses (je me souviens toujours du Chateau d'Ambroise où Léonard de Vinci a vécu).

Océane (Ocean Girl)
Encore et toujours des australiens... Océane raconte l'histoire d'une fille qui vit sur une île déserte et sous l'océan, loin de la civilisation. Mais un jours elle est découverte par une équipe de scientifiques qui vivent dans un cité sous-marine (ORCA). Les enfants de ces scientifiques se lient d'amitié avec Océane, ce qui crée quelques frictions avec les adultes.

Là, on est purement dans la série écolo en plein (limite SOS Polluards, pour ceux qui s'en souviennent). C'est parfois un peu moralisateur, mais c'est avant tout de la science fiction, puisque la fille de l'eau est une extra-terrestre.

Beaucoup moins libératrice dans son imaginaire que les autres séries mentionnées, Océane est plus terre à terre (mer à mer, si vous préférez), avec une omniprésence d'adultes qui contrôlent tout. Ici, les enfants restent vraiment des enfants - avec tout ce que cela comporte de limites. La cité ORCA est assez claustrophobique et l'ambiance est souvent tendue. Cela crée du bon drame, mais peut-être pour des enfants plus mûrs.

Il faut noter que cette série a connu un grand succès et que son créateur est aussi l'auteur de la série H2O, beaucoup plus récente et dans l'air du temps, mais très réussie également.

Les Intrépides
Série canadienne francophone, qui révéla l'acteur Lorant Deutsch, Les Intrépides raconte l'histoire de Tom et Julie, deux ados, qui présentent une émission de radio pirate dans laquelle ils viennent en aide aux auditeurs en détresse. Chaque épisode est l'occasion de résoudre une nouvelle affaire.

Bon, ils faut être honnête: cette série a mal vieilli. Mais à l'époque, j'étais fan. Julie était mignonne, mais pas trop, juste assez pour être l'équipière parfaite. Plein de ressources, nos deux héros se sortaient toujours d'embûches et aidaient le monde entier.

Ce qu'il manquait à cette série pour être vraiment géniale, était sans doute l'ambition de créer des arcs narratifs plus longs et d'éviter la redite. Avec les Intrépides, on avait toujours le même schéma: les Intrépides sauvent un ado en détresse, mais le méchant en fin de compte n'était pas si méchant que ça - c'était sûrement un malentendu - et tout le monde s'en sort bien.

Ce côté un peu cucul, qu'on ne retrouve pas dans les séries qui s'adressent vraiment aux enfants, rendait le tout un peu mou et fade. Mais cela étant dit, les épisodes en eux-même étaient bien foutus. Il y avait du mystère, du suspense, et un côté MacGyver débrouillard très plaisant.

Conclusion
Je n'ai pas envie de faire le vieux con et de dire que c'était mieux avant... Mais quand même: je ne retrouve plus ce genre de séries à l'imaginaire débordant aujourd'hui. Dans les séries pour enfants d'aujourd'hui (produites principalement par Disney), l'imaginaire est réduit à néant, cadré par des adultes, dans une ambiance de concours de popularité à l'école, très désagréable.

Que ce soit Zak et Cody, iCarly, Big Time Rush, etc. Les années 2000 sont les années du "moi je rêve d'être une star". C'est le "moi je" alors que les années 90 mettaient en avant l'entraide et la rebellion face aux adultes.

Une constante, dans les séries que j'ai cité: les histoires de coeur sont reléguées au deuxième plan, voire absentes totalement. C'est d'après moi un véritable gage de qualité du point de vue de l'imaginaire. Toutes les séries pour enfants/ados avec des histoire de coeur sont assez mauvaises en général. Skins est peut-être l'unique exception.

Autre élément clé: donner à l'enfant des attributs d'adultes. Il de se débrouiller seul, sans repère, face à l'adversité. Le faire prendre des initiatives. C'est comme ça qu'il développe son imaginaire.

Enfin, ne pas avoir peur de la noirceur et de la réalité. Les enfants n'ont pas besoin d'être cajolés. Ils n'ont pas envie qu'on leur fasse la leçon. Le leçon sera faite d'elle-même lorsque les héros montreront l'exemple sans s'en vanter.