24 décembre 2012

Lifting de maintenance

J'ai remarqué que le blog souffrait de quelques incompatibilités avec certaines versions d'Internet Explorer et que sa lecture sur un téléphone portable était désagréable. De plus, son look commençait légèrement à prendre des rides.



Il m'a donc semblé utile de passer sous un nouveau thème - minimaliste - mais qui fonctionne partout! Vous pouvez donc désormais lire les articles de l'Auteur Inspiré sur votre iPhone, votre téléphone Android, votre Mac, votre PC, et pourquoi pas votre réfrigérateur. Bref, la technologie avance et j'essaie de la suivre, de loin...

Au rayon des nouvelles, même si j'ai abandonné l'idée d'écrire pour la télévision dans l'immédiat, j'ai quelques projets encourageants dans le monde du jeu vidéo et du web. Je me recycle comme je peux!

Notez également que le concours du CEEA démarre dés le 14 janvier 2013, un petit peu plus tôt que les autres années, ne le manquez pas! Vous n'aurez pas d'excuse, puisque je n'y participerai pas cette année.

Je vous souhaite à tous de joyeuses fêtes et une excellente année 2013! Nous venons de survivre à la fin de monde, que peut-il encore nous arriver? A partir de maintenant, la vie, c'est que du bonus!

17 décembre 2012

Le Hobbit ou la machine divine

Je suis allé voir Le Hobbit hier, en 3D HFR, et - fan de Tolkien depuis longtemps - je ne pouvais pas rester muet à la fin de ce spectacle époustouflant.

Je lis des critiques qui cassent la 3D (mal de tête? Un petit peu sur certains plans acrobatiques, mais comme au Space Mountain de Disneyland, ça fait partie du spectacle) et surtout le côté HFR (High Frame-Rate, soit 48 images par seconde au lieu des 24 habituelles). Là, je fais plutôt partie des enthousiastes: je pense que les critiques grincheux regrettent le look cinéma d'antan par pure tradition.

Le Hobbit était visuellement merveilleux. La fluidité, la clarté, le réalisme des images sont un bon en avant qui n'empêchent ni le "suspension of disbelief" ni le travail de photographie. Bref, une évolution vers un mieux, qui chagrine les nostalgiques mais enthousiasme les visionnaires.

Mais mettons de côté le débat technique pour en venir au coeur de ma critique: le scénario.

Là, malheureusement, je dois me montrer plus réservé.

On connait le goût de Peter Jackson pour le rythme un peu empâté du lyrisme épique, de la camaraderie guerrière, du grandiose sans profondeur. Ca fonctionnait plutôt bien sur la trilogie du Seigneur des Anneaux, car l'histoire originale, telle qu'écrite par Tolkien, allait dans ce sens. Le Seigneur des Anneaux est un triptyque omniscient, se jouant des destins des peuples comme un dieu joue avec des marionnettes. Tout est raconté par un narrateur externe, les enjeux dépassent de loin les simples êtres (hommes ou hobbits) et se mesurent en Ages, en Peuples, en Legendes.

Le Hobbit est au contraire vécu à la première personne. C'est l'histoire de Bilbon, vécue par Bilbon. Certes, dans le roman, le narrateur est toujours à la troisième personne, mais l'on sent bien que son point de vue est beaucoup moins aérien. Le champ d'horizon se limite à celui d'un tout petit Hobbit, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez.

Du genre épique nous passons à un conte pour enfants.

Ce glissement littéraire nécessite une remise en question de la façon de tourner le film. Par moment, Peter Jackson procède à cette remise en question: la séquence avec le magicien Radagast est totalement enfantine, loufoque et correspond parfaitement à cette ambiance de conte (alors que paradoxalement, cette séquence n'apparaît pas dans le roman).

Mais le reste du film, hélas, ne suit pas cet exemple. Nous retrouvons donc le même rythme, les mêmes tics de réalisation, la même grammaire que dans le Seigneur des Anneaux. D'où un hiatus stylistique quelque peu déconcertant.

Plus grave encore, Peter Jackson et ses scénaristes négligent certaines règles de base de l'écriture dramaturgique.  Notamment: en venir en fait le plus vite possible. Jackson retarde le début de l'action jusqu'à la limite du soutenable, rendant la première heure du film soporifique au possible et jetant la suspicion sur le restant du métrage (qui est nettement meilleure, heureusement).

De plus, la longue séquence de l'apparition des nains, outre qu'elle soit trop longue, n'apporte pas grand chose du point de vue dramatique pour le restant de l'oeuvre. On y trouve la joie de vivre des nains, une redite de leur mission (déjà apprise lors de la séquence d'intro), et une certaine méfiance de la part de Thorin envers Bilbon.

Ce que cette séquence aurait du nous apporter, c'est une raison profonde pour Bilbon de suivre cette joyeuse troupe dans leur aventures. Cette raison aurait permis de s'identifier au personnage de Bilbon, d'être en empathie avec le personnage. Mais là hélas, Jackson reste collé au livre sans en tirer la substantifique moelle et nous jette Bilbon dans cette aventure sans autre raison que l'envie passagère. Tout ça pour ça.

Cette maladresse de départ a pour impact que toutes les aventures se déroulent sans passion, sans envie. On assiste à des prouesses technologiques faramineuse sans que le coeur soit vraiment de la partie. Quel gâchis.

Peter Jackson aurait pu relever notre intérêt pour ses personnages en cours de route. En effet, en plaçant les personnages dans des situations périlleuses, en leur donnant la position d'outsiders face à des ennemis plus forts qu'eux, il avait la possibilité de les rendre héroïques. Mais le cinéaste enchaîne les erreurs qui réduisent à néant cet espoir.

En effet, la plupart des monstres qu'affrontent nos héros sont en réalité moins fort qu'eux. D'où un manque singulier de drame et d'héroïsme. Passons en revue la gallerie des ennemis:
- les trois trolls sont bêtes à manger du foin: pas difficile de les berner.
- les petits orcs n'opposent jamais de résistance: on les tue à la douzaine comme des mouches.
- le roi des gobelins est gros, lent, ne sait pas se battre: il est mort en deux coups d'épée.
- Gollum est encore une version chimérique du gentil Sméagol.

Enfin, les seuls méchants qui opposent une certaine résistances sont les loups géants surmontés du chef des orcs (celui avec un seul bras). Certes, ce chef est un peu plus résistant que ses ouailles, mais il ne faut pas perdre de vue que Thorin l'avait déjà battu une fois (il le pensait même mort). S'il l'a battu une fois, il pourra le battre deux fois, et le suspense n'est dés lors pas très puissant... Pas assez, en tout cas, pour tenir 3h de film.

Ce manque de "challenge" est encore aggravé avec l'utilisation abusive de Deus Ex Machina. Certes, les contes pour enfants en regorgent, mais ce n'est pas une raison pour les copier-coller dans un film, quand on sait que le médium cinématographique est particulièrement défavorable à ces aides venues du ciel.

Le Deus Ex Machina a pour effet d'annuler tous les efforts des personnages pour vaincre, car l'aide divine (ou d'un être magique) surmonte toutes les épreuves et restore la calme et la paix sans peine. Ici, le Deus, c'est Gandalf.

Alors que dans le Seigneur des Anneaux, Gandalf se battait au côté des hommes, qu'il doutait, qu'il admettait ses erreurs et ses faiblesses, dans le Hobbit Gandalf a toujours deux coups d'avance. Du coup, il sort les nains et Bilbon de toutes les embûches. Il apparaît comme l'homme providentiel à chaque fois que la situation devient un peu intéressante. Exemples:

- il trouve un passage dans les rochers lorsque les nains sont encerclés par les orcs.
- il appelle les aigles lorsque les nains sont suspendus à un arbre au dessus du vide.
- il sort de nulle part pour faire de la lumière pour changer les trolls en pierre.

Et les exemples sont encore plus nombreux.

Bref, du point de vue scénaristique, le Hobbit souffre de nombreuses carences qui plombent l'ensemble. C'est dommage, car pour le reste, c'est une réussite: la production est magnifique, les acteurs campent bien leurs personnages, la musique est acceptable (même si je l'ai trouvée moins inspirée que pour le Seigneur des Anneaux).