17 juin 2010

Faites confiance à Aristote!

Ah! Ce bon vieux Aristote! Toujours là quand on a besoin de lui.

Pour résumer très fort, Aristote disait qu'il vaut mieux penser en termes d'actions qu'en termes de personnages. Grosso modo: les personnages découlent des actions. Ils sont des pions que l'on déplace du point A au point B selon l'intrigue prévue. Et pour cacher les ficelles, on "maquille" les personnages dans un fard psychologique qui explique leurs agissements.

C'est très différent de l'approche que j'ai de plus en plus ces temps-ci: partir d'un personnage, d'un caractère fort, pour suivre ses actions.

Et même si ça peut sembler plus logique de procéder de cette manière, c'est en fait une assez mauvaise chose, car cela relègue l'histoire, la narration, au second plan. Nos oeuvres deviennent une étude de caractère, ce qui est très bien dans un roman ou au théâtre (Molière en a fait son fonds de commerce) mais qui fonctionne nettement moins bien au cinéma, le média de l'action par excellence.

Pas plus tard que ce midi, un confrère me demandait quels scénarios je prévoyais d'écrire cet été... Et moi de lui répondre: "J'ai l'idée d'un type qui est très connu malgré lui sur le Net, le genre loser d'une vidéo virale, qui décide de ne pas se laisser abattre par les moqueries et de plutôt voir la chose du bon côté."

L'idée me semblait bonne, jusqu'à la réaction de mon camarade de jeu:

- "Oui, d'accord... Mais ça raconte QUOI?"

Ouh, la claque.

Avoir un personnage n'est pas synonyme de tenir une histoire.

Si votre personnage n'a rien à faire, s'il se contente d'être là, avec son fort caractère et son passé intriguant, il n'est pas plus intéressant qu'une nature morte (et je ne suis pas fan des natures mortes, désolé).

Au contraire, on peut partir d'une histoire forte, et en déduire un personnage. "C'est l'histoire d'un gars qui profite de sa célébrité vraiment pas méritée pour chasser la fille de ses rêves. Mais elle voit très vite son petit jeu, et le délaisse. Le type peut se taper toutes les groupies du monde, et des canons, mais très vite, il va revenir au sens des réalités pour conquérir l'élue de son coeur."

On voit déjà beaucoup mieux la structure du film de dérouler, même si j'ai (volontairement) utilisé un cliché hyper-rabâché. L'important, c'est que je tiens là quelque chose qui à les épaules assez solides pour tenir 100 minutes, pas uniquement de quoi faire un portrait sur un timbre-poste.

Je retiens donc la leçon: les grecs avaient toujours raison! Merci Aristote!

1 commentaire:

j_christ a dit…

Entièrement d'accord avec ça !
Un beau personnage, il est avant tout inscrit dans une histoire. On est ce qu'on fait. On existe surtout par sa façon de (ré)agir.

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