Quelques exemples de prétérition en vrac:
"Je ne vous ferai pas l'affront de vous expliquer que les verbes au participe passé se terminent avec un accent aigu."
"Je ne vous présente pas Paul, mon fidèle assistant que voici..."Les humoristes adorent la prétérition car elle place celui qui l'utilise dans une posture d'hypocrite ou de cynique, deux attitudes propices au rire. Prenons l'exemple de Pierre dans le Père Noël est une ordure:
"Je n'aime pas dire du mal des gens, mais c'est vrai qu'elle est gentille."Ou encore le sketche célèbre des Inconnus, où ils passent leur temps à dire du mal des sportifs en terminant chaque phrase par:
"Mais cela ne nous regarde pas!"Les auteurs dramatiques utilisent parfois la prétérition quand les mots leur manquent pour décrire quelque chose avec assez de précision. Par exemple, Balzac écrit dans Le Père Goriot:
"Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevassé, pourri, tremblant, rongé, manchot, borgne, invalide, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait trop l'intérêt de cette histoire, et que les gens pressés ne pardonneraient pas."Evidemment, la description est tout aussi précise et longue que si Balzac avait effectivement décrit le mobilier. Mais la prétérition nous sort momentanément de la narration pour briser le "quatrième mur".
En ce sens, la prétérition est une forme de méta-communication: on communique sur sa façon de communiquer. On commente ses propres paroles pour les mettre dans un certain contexte. C'est un cadrage préventif qui limite les interprétations.
Ainsi, de nombreuses personnes craignant d'être mal cataloguées se servent de la prétérition comme d'un bouclier social:
"Je ne veux pas passer pour un rasciste, mais c'est vrai que les noirs sont fainéants."Evidemment, à moins de s'adresser à un auditoire particulièrement naïf, la manoeuvre ne berne plus grand monde.
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